FREE BOOKS

Author's List




PREV.   NEXT  
|<   119   120   121   122   123   124   125   126   127   128   129   130   131   132   133   >>  
eil Abeddin, qui etait a Andrinople!... C'etait une belle apres-midi d'hiver, et nous nous promenions tous deux, elle et moi, heureux comme deux enfants de nous trouver ensemble au soleil, une fois par hasard, et de courir la campagne. Il etait triste cependant le lieu de promenade que nous avions choisi: nous longions la grande muraille de Stamboul, lieu solitaire par excellence, et ou tout semble s'etre immobilise depuis les derniers empereurs byzantins. La grande ville a toutes ses communications par mer, et autour de ses murs antiques le silence est aussi complet qu'aux abords d'une necropole. Si, de loin en loin, quelques portes s'ouvrent dans les epaisseurs de ces remparts, on peut affirmer que personne n'y passe et qu'il eut autant valu les supprimer. Ce sont du reste de petites portes basses, contournees, mysterieuses, surmontees d'inscriptions dorees et d'ornements bizarres. Entre la partie habitee de la ville et ses fortifications s'etendent de vastes terrains vagues occupes par des masures inquietantes, des ruines eboulees de tous les ages de l'histoire. Et rien au-dehors ne vient interrompre la longue monotonie de ces murailles; a peine, de distance en distance, un minaret dressant sa tige blanche; toujours les memes creneaux, toujours les memes tours, la meme teinte sombre apportee par les siecles,--les memes lignes regulieres, qui s'en vont, droites et funebres, se perdre dans l'extreme horizon. Nous marchions tous deux seuls au pied de ces grands murs. Tout autour de nous, dans la campagne, c'etaient des bois de ces cypres gigantesques, hauts comme des cathedrales, a l'ombre desquels par milliers se pressaient les sepultures des Osmanlis. Je n'ai vu nulle part autant de cimetieres que dans ce pays, ni autant de tombes, ni autant de morts. --Ces lieux, disait Aziyade, etaient affectionnes d'Azrael qui, la nuit, y arretait son vol. Il repliait ses grandes ailes et marchait comme un homme sous ces ombrages terribles. Cette campagne etait silencieuse, ces sites imposants et solennels. Et cependant nous etions gais, tous les deux, heureux de notre escapade, heureux d'etre jeunes et libres, de circuler une fois par hasard, en plein vent comme tout le monde, et sous le beau ciel bleu. Son yachmak, tres epais, etait ramene sur ses yeux jusqu'a derober tout son front; a peine voyait-on, par l'ouverture du voile, rouler ses prunelles, si limpides et si mobiles; son feredje d'emprunt etait d'un
PREV.   NEXT  
|<   119   120   121   122   123   124   125   126   127   128   129   130   131   132   133   >>  



Top keywords:

autant

 

campagne

 

heureux

 

autour

 
distance
 

toujours

 

etaient

 
portes
 

hasard

 
cependant

grande

 
cypres
 

gigantesques

 

voyait

 
cimetieres
 

ouverture

 

milliers

 

pressaient

 

sepultures

 

desquels


cathedrales

 

Osmanlis

 

grands

 
regulieres
 

lignes

 

mobiles

 
limpides
 

siecles

 

apportee

 

teinte


sombre

 

emprunt

 

feredje

 

droites

 
funebres
 

rouler

 
marchions
 

prunelles

 

perdre

 
extreme

horizon

 

tombes

 
imposants
 

yachmak

 
silencieuse
 

ombrages

 
terribles
 
solennels
 

etions

 
circuler