tterent quelque chose sur l'enfant mort, et puis la mere lui
enleva sa couronne de fleurs, et emprisonna avec soin ses cheveux blonds
dans un petit bonnet de nuit, toilette qui nous eut fait sourire, si
elle n'eut pas ete faite par cette mere.
Quand elle fut couchee tout au fond sur le sol humide, sans planches,
sans biere, on jeta sur elle cette terre malsaine; tout tomba dans le
trou, sur la jolie petite figure de cire, y compris les vieux os et le
vieux coude; et elle fut promptement enfouie.
On nous donna des bonbons en effet; j'ignorais cet usage grec.
Une jeune fille, puisant dans un sac rempli de dragees blanches, en
remit une poignee a chacun des assistants, et nous en eumes aussi, bien
que nous fussions Turcs.
Quand Aziyade tendit la main pour recevoir les siennes, ses yeux etaient
pleins de larmes ...
XXXII
Le fait est que ce petit oiseau etait drole de se trouver si heureux de
vivre, et d'etre si gai au milieu de ce site funebre!...
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* * * * *
5
AZRAEL
I
20 mai 1877.
... C'est bien le ciel pur et la mer bleue du Levant. La-bas, quelque
chose se dessine; l'horizon se frange de mosquees et de minarets;--mon
coeur bat, c'est Stamboul!
Je mets pied a terre.--C'est une emotion vive que de me retrouver dans
ce pays ...
Achmet n'est plus la, a son poste, caracolant a Top-Hane sur son cheval
blanc. Galata meme est mort; on voit que quelque chose de terrible comme
une guerre d'extermination se passe au-dehors.
... J'ai repris mes habits turcs. Je cours a Azarkapou. Je monte dans le
premier caique qui passe. Le caiqdji me reconnait.
--Et Achmet?... dis-je.
--Parti, parti pour la guerre!
J'arrive chez Eriknaz, sa soeur.
--Oui, parti, dit-elle. Il etait a Batoum, et, depuis la bataille, nous
sommes sans nouvelles.
Les sourcils noirs d'Eriknaz s'etaient contractes avec douleur; elle
pleurait amerement ce frere que les hommes lui avaient ravi, et la
petite Alemshah pleurait en regardant sa mere.
Je me rendis a la case de Kadidja; mais la vieille avait demenage, et
personne ne put m'indiquer sa demeure.
II
Alors, je me dirigeai seul vers la mosquee de Mehmed-Fatih, vers la
maison d'Aziyade, sans arreter aucun projet dans ma tete troublee, sans
songer meme a ce que j'allais faire, pousse seulement par le besoin de
m'approcher d'elle et de la voir!...
Je traversai ce monceau de ruines et de cen
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