rda cinq jours de suspension d'armes, pour donner a des
plenipotentiaires le temps d'arriver, et de signer des preliminaires.
La convention fut signee le 18 (7 avril), et dut se prolonger seulement
jusqu'au 23 (12 avril). Il etablit son quartier-general a Leoben, et
porta l'avant-garde de Massena sur le Simmering, derniere hauteur des
Alpes Noriques, qui est a vingt-cinq lieues de Vienne, et d'ou l'on peut
voir les clochers de cette capitale. Il employa ces cinq jours a reposer
et a rallier ses colonnes. Il fit une proclamation aux habitans pour les
rassurer sur ses intentions, et il joignit les effets aux paroles, car
rien ne fut pris sans etre paye par l'armee.
Bonaparte attendit l'expiration des cinq jours, pret a frapper un
nouveau coup pour ajouter a la terreur de la cour imperiale, si elle
n'etait pas encore assez epouvantee. Mais tout se disposait a Vienne
pour mettre fin a cette longue et cruelle lutte, qui durait depuis six
annees, et qui avait fait repandre des torrens de sang. Le parti anglais
dans le ministere etait entierement discredite; Thugut etait pret a
tomber en disgrace. Les Viennois demandaient la paix a grands cris:
l'archiduc Charles lui-meme, le heros de l'Autriche, la conseillait,
et declarait que l'Empire ne pouvait plus etre sauve par les armes.
L'empereur penchait pour cet avis. On se decida enfin, et on fit partir
sur-le-champ pour Leoben le comte de Merfeld, et le marquis de Gallo,
ambassadeur de Naples a Vienne. Ce dernier fut choisi par l'influence de
l'imperatrice, qui etait fille de la reine de Naples, et qui se melait
beaucoup des affaires. Leurs instructions etaient de signer des
preliminaires qui serviraient de base pour traiter plus tard de la
paix definitive. Ils arriverent le 24 germinal (13 avril au matin), a
l'instant ou la treve etant achevee, Bonaparte allait faire attaquer les
avant-postes. Ils declarerent qu'ils avaient des pleins pouvoirs pour
arreter les bases de la paix. On neutralisa un jardin dans les environs
de Leoben, et on traita au milieu des bivouacs de l'armee francaise.
Le jeune general, devenu tout a coup negociateur, n'avait jamais fait
d'apprentissage diplomatique; mais depuis une annee il avait eu a
traiter les plus grandes affaires qui se puissent traiter sur la terre;
il avait une gloire qui en faisait l'homme le plus imposant de son
siecle, et il avait un langage aussi imposant que sa personne. Il
representait donc glorieusement la republique francaise. I
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