omme, ajouta-t-il tout haut, je suis celui que vous
dites.
--C'est donc toi, reprit-il lentement, qui es le maitre de cette jeune
chanteuse... Violetta?
Belgodere. tressaillit, s'inclina plus profondement.
--J'y suis! songea-t-il. C'est le gentilhomme que le duc de Guise devait
m'envoyer pour me transmettre ses decisions! Ah! ah! je te tiens enfin,
Claude! Tu vas savoir de mes nouvelles! Et des nouvelles de ta fille!
Il se redressa, se drapa, et dit brusquement:
--J'attends ce que vous avez a me communiquer.
--Je te suis envoye par un puissant personnage. Cette enfant... cette
Violetta... dit le gentilhomme sourdement.
--Violetta et moi, nous sommes au service de celui qui vous envoie, dit
Belgodere. Vos ordres?
--Ecoute, il y a dans la Cite une maison delabree, presque en ruine. La
porte est en fer, avec un marteau de bronze; c'est la... C'est la que ce
soir, a neuf heures, tu devras amener cette jeune fille.
--Ce soir! A neuf heures! On y sera, par l'enfer!
Le gentilhomme noir demeura un instant abime dans une lointaine reverie.
Puis, avec un tressaillement:
--Cette femme masquee de rouge... qui etait la tout a l'heure...
dis-moi, qui est-ce?...
--Une bohemienne de ma tribu. Elle s'appelle Saizuma.
Celui que le bohemien appelait une infernale figure se redressa. Il
parut soulage de quelque secrete epouvante. Alors, il fit un signe
d'adieu au bohemien. Puis tirant de son pourpoint la lettre que Fausta
lui avait remise pour le duc de Guise, le prince Farnese se glissa parmi
la multitude ou il disparut sans bruit.
III
PARDAILLAN
Tandis que se decidait ainsi la destinee de Violetta dans ce rapide
et sinistre entretien de Belgodere et du prince Farnese, Charles
d'Angouleme marchait au duc de Guise.
Le fils du roi Charles IX etait bouleverse d'une terrible colere.
Lorsque Guise avait parle a voix basse a la jeune fille, il avait senti
se lever dans son coeur un sentiment qui n'y etait pas encore: la haine
d'amour, la plus implacable des haines... Ce fut les poings serres qu'il
fonca dans les rangs presses de la multitude silencieuse, attentive aux
gestes et aux paroles de Guise, son heros, son idole!
Tout a coup, il se sentit saisi par le bras. Il se retourna vivement:
--Le chevalier de Pardaillan! fit-il avec joie.
--Oui, j'arrive a temps pour vous empecher de faire une folie! fit
Pardaillan. Ou courez-vous de ce pas? Insulter monseigneur le duc?...
Peste! vous etes gourman
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