i avait occupe
et sali les belles chambres et qui en avait emporte les meubles pour
garnir son logement habituel.
"Moi, dit-il, Monsieur le Francais, je vous jure que je n'ai pris
que quelques meubles gates dont l'intendant n'avait pas voulu.
Demandez-le-lui."
Derigny: "C'est bon, mon cher, ceci ne me regarde pas; je ferai mon
possible pour que le general vous pardonne; quant au reste, vous vous
arrangerez avec l'intendant."
Ils commencerent le transport des meubles; en moins d'une demi-heure
tout etait pret; les rideaux etaient aux fenetres, les lits faits, les
cuvettes, les verres, les cruches en place.
C'etait fini, et Mme Papofski n'arrivait pas. Le general allait et
venait, admirait l'activite, l'intelligence de Derigny et de sa femme,
qui avaient reussi a donner a cet appartement un air propre, presque
elegant, et a le rendre fort commode et d'un aspect agreable; on avait
assigne deux chambres aux enfants et aux bonnes; des canapes devaient
leur servir de lits. Mme Papofski devait avoir un bon et large lit,
que Derigny avait fabrique pour sa femme avec l'aide d'un menuisier.
Matelas, oreillers, traversins, couvertures, tout avait ete compose
et execute par Derigny et sa femme, Jacques et Paul aidant. Quand le
general vit ce lit: "Qu'est-ce? dit-il. Ou a-t-on trouve ca? C'est a la
francaise, cent fois mieux que le mien. Qui est-ce qui a fait ca?"
Un domestique: "Les Francais, Votre Excellence; ils se sont fait des
lits pour chacun d'eux."
Le general: "Comment, Derigny, c'est vous qui avez fabrique tout ca?
Mais, mon cher, c'est superbe, c'est charmant. Je vais etre jaloux de ma
niece, en verite!"
Derigny: "Mon general, si vous en desirez un, ce sera bientot fait, en
nous y mettant ma femme et moi. Et, travaillant pour vous, mon general,
nous le ferons bien meilleur et bien plus beau."
Le general: "J'accepte, mon ami, j'accepte avec plaisir. On vous donnera
tout ce que vous voudrez et l'on vous aidera autant que vous voudrez.
Mais... que diantre arrive-t-il donc a ma niece? Le courrier est ici
depuis plus d'une heure; il y a longtemps qu'elle devrait etre arrivee.
Nikita, fais monter a cheval un des forreiter (postillons), qu'il aille
au devant pour savoir ce qui est arrive."
Nikita partit comme un eclair. Le general continua son inspection et fut
de plus en plus satisfait des inventions de Derigny qui avait devalise
son propre appartement au profit de Mme Papofski.
IV
MADAME PAPOFSKI ET
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