atigues pour faire
une longue route, donna des ordres pour qu'on attelat ses chevaux a sa
grande berline de voyage et qu'on allat au-devant de Mme Papofski.
Rassure sur le sort de sa niece il se mit a rire de bon coeur de la
figure qu'elle devait faire, a pied, sur la grand'route avec ses enfants
et ses gens.
"Dites donc, Derigny, j'ai envie d'aller au-devant d'eux, dans la
berline, pour les voir barboter dans la poussiere. La bonne histoire! la
voiture partie, eux sur la route, criant, courant, appelant. Ma niece
doit etre furieuse; je la connais, et je la vois d'ici, battant les
enfants, poussant ses gens, etc."
La berline du general attelee de six chevaux entrait dans la cour; le
cocher allait prendre les ordres de son maitre, lorsque de nouveaux cris
se firent entendre:
"Eh bien! qu'y a-t-il encore? Faites taire tous ces braillards, Semeune
Ivanovitch; c'est insupportable! On n'entend que des cris depuis une
heure."
L'intendant, arme d'un gourdin, se mettait en mesure de chasser tout le
monde, lorsqu'un nouvel incident vint expliquer les cris que le general
voulait faire cesser. Un lourd fourgon apparut au tournant de l'avenue,
tellement charge de monde que les chevaux ne pouvaient avancer qu'au
pas. Le siege, l'imperiale, les marchepieds etaient garnis d'hommes, de
femmes, d'enfants.
Le general regardait ebahi, devinant que ce fourgon contenait, outre sa
charge accoutumee, tous les voyageurs de la berline.
Le general: "Sac a papier! voila un tour de force! C'est plein a ne
pas y passer une souris. Ils se sont tous fourres dans le fourgon des
domestiques. Ha, ha, ha! quelle entree! Les pauvres chevaux creveront
avant d'arriver!... En voila un qui bute!... La tete de ma niece
qui parait a une lucarne! Sac a papier! comme elle crie! Furieuse,
furieuse!...
Et le general se frottait les mains comme il en avait l'habitude quand
il etait tres satisfait, et il riait aux eclats. Il voulut rester sur
le perron pour voir se vider cette arche de Noe. Le fourgon arriva et
arreta devant le perron. Mme Papofski ne voyait pas son oncle; elle
poussa a droite, a gauche, tout ce qui lui faisait obstacle, descendit
du fourgon avec l'aide de son courrier; a peine fut-elle a terre qu'elle
appliqua deux vigoureux soufflets sur les joues rouges et suantes de
l'infortune.
"Sot animal, coquin! je t'apprendrai a me planter la, a courir en avant
sans tourner la tete pour me porter secours. Je prierai mon oncle de te
fair
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