a ceux qui ne veulent pas l'y conduire?
-- Qui ne veulent pas l'y conduire? s'ecria le roi. Qu'entends-je
la, capitaine? Etes-vous fou?
-- Je ne crois pas, Sire.
-- Vous parlez de gens qui ne voulaient pas arreter M. de La
Fere?...
-- Oui, Sire.
-- Et quels sont ces gens-la?
-- Ceux que Votre Majeste en avait charges, apparemment, dit le
mousquetaire.
-- Mais c'est vous que j'en avais charge, s'ecria le roi.
-- Oui, Sire, c'est moi.
-- Et vous dites que, malgre mon ordre, vous aviez l'intention de
ne pas arreter l'homme qui m'avait insulte?
-- C'etait absolument mon intention, oui, Sire.
-- Oh!
-- Je lui ai meme propose de monter sur un cheval que j'avais fait
preparer pour lui a la barriere de la Conference.
-- Et dans quel but aviez-vous fait preparer ce cheval?
-- Mais, Sire, pour que M. le comte de La Fere put gagner Le Havre
et, de la, l'Angleterre.
-- Vous me trahissiez donc, alors, monsieur? s'ecria le roi
etincelant de fierte sauvage.
-- Parfaitement.
Il n'y avait rien a repondre a des articulations faites sur ce
ton. Le roi sentit une si rude resistance, qu'il s'etonna.
-- Vous aviez au moins une raison, monsieur d'Artagnan, quand vous
agissiez ainsi? interrogea le roi avec majeste.
-- J'ai toujours une raison, Sire.
-- Ce n'est pas la raison de l'amitie, au moins, la seule que vous
puissiez faire valoir, la seule qui puisse vous excuser, car je
vous avais mis bien a l'aise sur ce chapitre.
-- Moi, Sire?
-- Ne vous ai-je pas laisse le choix d'arreter ou de ne pas
arreter M. le comte de La Fere?
-- Oui, Sire; mais...
-- Mais quoi? interrompit le roi impatient.
-- Mais en me prevenant, Sire, que, si je ne l'arretais pas, votre
capitaine des gardes l'arreterait, lui.
-- Ne vous faisais-je pas la partie assez belle, du moment ou je
ne vous forcais pas la main?
-- A moi, oui, Sire; a mon ami, non.
-- Non?
-- Sans doute, puisque, par moi ou par le capitaine des gardes,
mon ami etait toujours arrete.
-- Et voila votre devouement, monsieur? un devouement qui
raisonne, qui choisit? Vous n'etes pas un soldat, monsieur!
-- J'attends que Votre Majeste me dise ce que je suis.
-- Eh bien! vous etes un frondeur!
-- Depuis qu'il n'y a plus de Fronde, alors, Sire...
-- Mais, si ce que vous dites est vrai...
-- Ce que je dis est toujours vrai, Sire.
-- Que venez-vous faire ici? Voyons.
-- Je viens ici dire au roi: Sire, M. de La Fere est a
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