c bien la ces hommes celebres
qui, a trois ou quatre, abordaient des armees ou attaquaient des
chateaux! Ces hommes qui avaient epouvante la mort, et qui
survivant a tout un siecle en debris, etaient plus forts encore
que les plus robustes d'entre les jeunes.
-- Monsieur, dit-il a Porthos, vous venez de me faire naitre une
idee: il faut absolument voir M. d'Artagnan.
-- Sans doute.
-- Il doit etre rentre chez lui, apres avoir conduit mon pere a la
Bastille.
-- Informons-nous d'abord a la Bastille, dit Grimaud, qui parlait
peu, mais bien.
En effet, ils se haterent d'arriver devant la forteresse. Un de
ces hasards, comme Dieu les donne aux gens de grande volonte, fit
que Grimaud apercut tout a coup le carrosse qui tournait la grande
porte du pont-levis. C'etait au moment ou d'Artagnan, comme on l'a
vu, revenait de chez le roi.
En vain Raoul poussa-t-il son cheval pour joindre le carrosse et
voir quelles personnes etaient dedans. Les chevaux etaient deja
arretes de l'autre cote de cette grande porte, qui se referma,
tandis qu'un garde francaise en faction heurta du mousquet le nez
du cheval de Raoul.
Celui-ci fit volte-face, trop heureux de savoir a quoi s'en tenir
sur la presence de ce carrosse qui avait renferme son pere.
-- Nous le tenons, dit Grimaud.
-- En attendant un peu, nous sommes surs qu'il sortira, n'est-ce
pas, mon ami?
-- A moins que d'Artagnan aussi ne soit prisonnier repliqua
Porthos; auquel cas tout est perdu.
Raoul ne repondit rien. Tout etait admissible. Il donna le conseil
a Grimaud de conduire les chevaux dans la petite rue Jean-
Beausire, afin d'eveiller moins de soupcons, et lui-meme, avec sa
vue percante, il guetta la sortie de d'Artagnan ou celle du
carrosse.
C'etait le bon parti. En effet, vingt minutes ne s'etaient pas
ecoulees, que la porte se rouvrit et que le carrosse reparut. Un
eblouissement empecha Raoul de distinguer quelles figures
occupaient cette voiture. Grimaud jura qu'il avait vu deux
personnes, et que son maitre etait une des deux. Porthos regardait
tour a tour Raoul et Grimaud, esperant comprendre leur idee.
-- Il est evident, dit Grimaud, que, si M. le comte est dans ce
carrosse, c'est qu'on le met en liberte, ou qu'on le mene a une
autre prison.
-- Nous l'allons bien voir par le chemin qu'il prendra, dit
Porthos.
-- Si on le met en liberte, dit Grimaud, on le conduira chez lui.
-- C'est vrai, dit Porthos.
-- Le carrosse n'en prend pas l
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