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est mauvaise, et je ne sais par quelle phrase commencer. Tenez, je
ferai mieux, je crois, de vous raconter tout simplement ce qui
m'arrive. Comme je dirai la verite, je trouverai toujours mon
droit chemin, dans l'obscurite, dans l'hesitation, dans les
obstacles que j'ai a braver, pour soulager mon coeur qui deborde
et veut se repandre a vos pieds.
Raoul continua de garder le silence.
La Valliere le regardait d'un air qui voulait dire: "Encouragez-
moi! par pitie, un mot!"
Mais Raoul se tut et la jeune fille dut continuer.
Chapitre CC -- Blessures sur blessures
Mlle de La Valliere, car c'etait bien elle, fit un pas en avant.
-- Oui, Louise, murmura-t-elle.
Mais dans cet intervalle, si court qu'il fut, Raoul avait eu le
temps de se remettre.
-- Vous, mademoiselle? dit-il.
Puis, avec un accent indefinissable:
-- Vous ici? ajouta-t-il.
-- Oui, Raoul, repeta la jeune fille; oui, moi, qui vous
attendais.
-- Pardon; lorsque je suis rentre, j'ignorais...
-- Oui, et j'avais recommande a Olivain de vous laisser ignorer...
Elle hesita; et, comme Raoul ne se pressait pas de lui repondre,
il se fit un silence d'un instant, silence pendant lequel on eut
pu entendre le bruit de ces deux coeurs qui battaient, non plus a
l'unisson l'un de l'autre, mais aussi violemment l'un que l'autre.
C'etait a Louise de parler. Elle fit un effort.
-- J'avais a vous parler, dit-elle; il fallait absolument que je
vous visse... moi-meme... seule... Je n'ai point recule devant une
demarche qui doit rester secrete; car personne, excepte vous, ne
la comprendrait, monsieur de Bragelonne.
-- En effet, mademoiselle, balbutia Raoul, tout effare, tout
haletant, et moi meme, malgre la bonne opinion que vous avez de
moi, j'avoue...
-- Tout a l'heure, dit-elle, M. de Saint-Aignan est venu chez moi
de la part du roi.
Elle baissa les yeux.
De son cote, Raoul detourna les siens pour ne rien voir.
-- M. de Saint-Aignan est venu chez moi de la part du roi, repeta-
t-elle, et il m'a dit que vous saviez tout.
Et elle essaya de regarder en face celui qui recevait cette
blessure apres tant d'autres blessures; mais il lui fut impossible
de rencontrer les yeux de Raoul.
-- Il m'a dit que vous aviez concu contre moi une legitime colere.
Cette fois, Raoul regarda la jeune fille, et un sourire dedaigneux
retroussa ses levres.
-- Oh! continua-t-elle, je vous en supplie, ne dites pas que vous
avez ressenti contr
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