t genereux ami."
L'infortune Frederic, effraye des menaces d'Alcide, lui promit de se
taire et de prendre courage.
Ils entrerent chez un bijoutier.
LE BIJOUTIER.--Qu'y a-t-il pour votre service, messieurs?
ALCIDE.--Des chaines de montre, s'il vous plait.
LE BIJOUTIER.--Chaines de cou ou chaines de gilet?
ALCIDE.--Chaines de gilet. (_Bas a Frederic_.) Parle donc,
imbecile; on te regarde.
--Chaines de gilet, repeta Frederic timidement.
LE BIJOUTIER.--Voila, messieurs. En voici en argent... (_Alcide
les repousse_.) En voici en argent dore. (_Alcide repousse
encore_.) En voici en or.
ALCIDE.--A la bonne heure. Choisis, Frederic, il y en a de tres jolies."
Ils en prirent quelques-unes, les laisserent et les reprirent plusieurs
fois. Le bijoutier ne les perdait pas de vue; l'air effronte d'Alcide et
la mine troublee, effaree de Frederic lui inspiraient des soupcons.
"Ca m'a tout l'air de voleurs, pensait-il.
ALCIDE.--Choisis donc celle qui te plait, Frederic; veux-tu celle-ci?"
Alcide lui en presenta une. Frederic la prit en disant: "Je veux bien"
d'une voix si tremblante, que le bijoutier mit instinctivement la main
sur ses bijoux et les ramena devant lui.
LE BIJOUTIER.--Vous savez, Messieurs, dit-il, que les bijoux se payent
comptant.
ALCIDE.--Certainement, je le sais. Combien, cette chaine?
LE BIJOUTIER.--Quatre-vingts francs, Monsieur.
--Voila, dit Alcide en jetant sur le comptoir quatre pieces de vingt
francs. Et celle-ci?
-Quatre-vingt-cinq francs, Monsieur, repondit le bijoutier avec une
politesse marquee.
--Voila", dit encore Alcide.
Il voulut tirer sa montre pour la rattacher a la chaine, il ne la trouva
plus; elle etait disparue. Il eut beau chercher, fouiller dans tous ses
vetements, la montre ne se retrouva pas.
"Vous avez ete vole, Monsieur? lui dit le bijoutier; soupconnez-vous
quelqu'un?
--Au theatre, j'etais entre deux jeunes gens qui m'ont fait mille
politesses, et auxquels j'ai donne, sur leur demande, l'heure de ma
montre, repondit Alcide d'une voix tremblante.
LE BIJOUTIER.--Il faut aller porter plainte au bureau du commissaire de
police, Monsieur.
--Merci, Monsieur; viens, Frederic."
Frederic, voyant la figure consternee de son ami, saisit avec bonheur
l'occasion de se debarrasser de sa montre.
FREDERIC.--Tiens, prends la mienne, Alcide, je n'y tiens pas.
ALCIDE, _avec surprise_.--La tienne? Et toi donc? Que feras-tu de
la chaine?
FREDERIC.
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