dat qui porte la main sur
son superieur, c'est la mort!"
Et il fit encore un mouvement pour emmener Alcide.
ALCIDE.--Va te promener avec ta mort; je me moque pas mal d'une canaille
comme toi."
Et Alcide lui assena un coup de poing qui le fit chanceler.
"A moi, le poste! s'ecria le marechal des logis.
--A moi, les amis! A moi, Frederic! s'ecria Alcide. Vas-tu laisser
coffrer ton ami?"
Frederic, qui n'avait pas encore bouge, s'elanca au secours d'Alcide,
et, sans avoir conscience de ce qu'il faisait, lutta avec le marechal
des logis pour degager son faux ami.
Le poste accourut.
"Ces deux hommes au cachot, dit le marechal des logis. Les autres a la
salle de police."
Alcide cria, jura, se debattit, mais fut facilement terrasse et emmene.
Frederic se laissa prendre sans resistance; l'instinct de la discipline
militaire le fit machinalement obeir, mais malheureusement trop tard.
Quand les hommes du poste reconnurent Frederic, ce fut une surprise et
une consternation generale. Le marechal des logis lui-meme partagea
cette impression: il ne l'avait pas reconnu avant l'arrivee du poste.
"Impossible de le sauver, pensa-t-il, maintenant que les hommes l'ont
vu et l'ont emmene au cachot. Il faut que je fasse mon rapport. Je
l'adoucirai de mon mieux. Mais comment s'est-il trouve au milieu de ces
ivrognes, faisant avec eux un tapage infernal, et ivre comme eux? C'est
incroyable! Un si bon soldat! Jamais de consigne! Jamais a la salle de
police!... Ils l'auront grise! Pauvre garcon! Va-t-il avoir du chagrin
demain, quand il aura cuve son vin et qu'il se reveillera au cachot!"
Le marechal des logis sortit triste et pensif; il alla faire son rapport
au lieutenant de semaine. Le lieutenant au capitaine. Le soir meme, le
colonel fut informe de ce qui s'etait passe.
"Pauvre garcon? s'ecria-t-il. Mauvaise affaire! Impossible a arranger.
Une lutte entre un soldat et son marechal des logis. C'est la mort, ou
tout au moins vingt ans de boulet. Pour l'autre, cela ne m'etonne pas.
Un mauvais drole! Toujours sur la liste de punitions! Ce matin meme
j'avais prevenu Bonard de se mefier de ces mauvais garnements. Et il
m'avait promis de se separer d'eux. Pauvre garcon! Et mon ami Georgey!
Il va etre bien peine. Il me l'avait tant recommande."
Le soir meme, la fatale nouvelle se repandit dans les deux escadrons. On
ne parla pas d'autre chose dans toutes les chambrees. Chacun plaignit
Frederic; Alcide n'en fut que plus d
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