ne epouvantable. Ce
matin, ils ont eu un commencement de querelle, que j'ai arretee avec
difficulte. Frederic voulait s'engager comme soldat; le pere lui disait
qu'un voleur n'etait pas digne d'etre militaire. Ils se sont dit des
choses terribles. J'ai heureusement pu les separer en entrainant
Frederic; mais si une chose pareille se passait en mon absence, vous
jugez de ce qui pourrait en arriver."
L'Anglais ne repondit pas; il reflechissait et la laissait pleurer...
Tout a coup il se leva et se placa devant elle les bras croises.
"Madme Bonarde, dit-il d'une voix solennelle, avez-vous croyance...
c'est-a-dire confidence a moi?
MADAME BONARD.--Oh oui! Monsieur, toute confiance, je vous assure.
M. GEORGEY.--Mille mercis, Madme Bonarde. Alors vous tous sauves et
satisfaits.
MADAME BONARD.--Comment? Que voulez-vous faire? Comment empecherez-vous
le pere de rougir de son fils, et le fils de garder rancune a son pere?
M. GEORGEY.--Je pouvais tres bien. Vous voir bien vite.
MADAME BONARD.--Mais, en attendant, s'ils se reprennent de querelle?
M. GEORGEY.--Reprendre rien, du tout rien. Ou il est Fridric?
MADAME BONARD.--Il bat le ble dans la grange.
M. GEORGEY.--Tres bon, tres bon. Je voulais lui vitement. Vous appeler
Fridric."
Mme Bonard, qui avait reellement confiance en M. Georgey, se depecha
d'aller chercher Frederic et l'amena dans la salle.
M. GEORGEY.--Fridric, il y avait deux annees toi pas heureuse, M.
Bonarde pas heureuse, Madme Bonarde pas heureuse. Moi voulais pas. Moi
voulais tous heureuse. Toi venir avec moi, toi prendre logement avec
moi. Et moi t'arranger tres bien. Bonsoir, Madme Bonarde; demain je
dirai toute mon intention. Viens, Fridric, viens vitement derriere moi."
M. Georgey sortit, Frederic, tres surpris, le suivit machinalement sans
comprendre pourquoi il s'en allait. Mme Bonard, non moins etonnee, le
laissa partir sans savoir ce que voulait en faire M. Georgey, mais fort
contente de le voir quitter la maison et tres assuree que c'etait pour
son bien.
En route, M. Georgey expliqua a Frederic, tant bien que mal, ce qu'il
venait d'apprendre.
M. GEORGEY.--Il fallait pas rester la, Fridric. Il fallait devenir
soldat, une bonne et brave militaire francaise. Toi avais envie. Le pere
pas, moi je voulais et toi voulais. Toi demeurer avec petite Juliene;
moi ecrire le lettre pour faire une bonne engagement. Je connaissais une
brave colonel; moi lui faire recommandation pour toi.
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