Y.--No, _my dear_; Madme Bonarde elle avait la necessite
de lui.
CAROLINE.--Et quand l'aurons-nous?
M. GEORGEY.--Je pas savoir. Physiciene savoir; moi pas comprendre le
parole sans comprehension de cette mosieur Bonul. Lui parlait, parlait
comme un _magpie_.
CAROLINE.--Qu'est-ce que c'est, Monsieur, un _magpie_?
M. GEORGEY.--Vous pas comprendre? C'est etonnant! Vous rien savoir. Un
magpie, c'etait une grosse oison qui avait des plumets blanc et noir,
qui parlait beaucoup toujours. On disait de femmes: elle parlait comme
une _magpie_.
CAROLINE.--Ah! Monsieur veut dire une pie!
M. GEORGEY.--Tres justement! Une pie! C'etait ca tout justement; comme
vous, Caroline."
M. Georgey, fatigue de sa journee de la veille et de sa matinee, voulut
rester chez lui pendant quelque temps a travailler a ses plans et a ses
modeles de mecaniques. Il alla seulement tous les jours, matin et soir,
savoir des nouvelles de Frederic; il ne manquait jamais de demander a
Julien quand il viendrait.
"Quand Frederic sera gueri, Monsieur, et quand Mme Bonard n'aura plus
besoin de moi", repondait toujours Julien.
La maladie fut longue, la convalescence plus longue encore.
La presence de Bonard faisait retomber Frederic dans un etat nerveux
qui obligea le medecin a defendre au pere de se faire voir jusqu'au
retablissement complet de son fils.
Un jour, deux mois apres la foire, Julien entra precipitamment chez Mme
Bonard.
"Maitresse, savez-vous la nouvelle? Alcide vient de s'engager. C'est
son pere qui l'y a oblige; il lui a donne le choix ou d'etre soldat ou
d'etre chasse sans argent, sans asile. Il a mieux aime partir comme
soldat."
Les yeux de Frederic s'animerent.
"Il a bien fait; je voudrais bien faire comme lui.
MADAME BONARD.--Toi! Y penses-tu, mon pauvre enfant? C'est un metier de
chien d'etre soldat.
FREDERIC.--Pas deja si mauvais. On voit du pays; on a de bons camarades.
MADAME BONARD.--Ne va pas te monter la tete. Je ne veux pas que tu sois
soldat, moi. Ton pere ne le voudrait pas non plus. Pour te faire tuer
dans quelque bataille!
FREDERIC.--Mon pere! Ca lui est bien egal. Que je vive ou que je meure,
que lui importe? Sans M. Georgey, il y a longtemps que je ne serais
plus.
MADAME BONARD.--Frederic, ne parle pas comme ca. N'oublie pas ce qui
s'etait passe."
Frederic se tut, baissa la tete et resta triste et silencieux. Depuis sa
maladie on ne le voyait plus sourire: on entendait a peine sa voix;
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