il se sentit arreter a son
tour.
LE GENDARME.--Ah! tu te sauves devant les gendarmes, mon garcon: mauvais
signe! Il faut que tu viennes avec ton camarade, qui a une si belle
montre avec une si belle chaine; le tout est mal assorti avec sa
redingote de gros drap et ses souliers ferres.
FREDERIC.--Lachez-moi, Monsieur le gendarme. Je suis innocent, je vous
le jure. Je n'ai rien sur moi, ni montre, ni chaine.
LE GENDARME.--Nous allons voir ca, mon mignon; tu vas venir avec nous
devant M. l'Anglais, qui a declare avoir ete vole de tout son or, de sa
montre et de sa chaine."
Frederic tremblait de tous ses membres, le gendarme le soutenait en le
trainant. Alcide, non moins effraye, payait pourtant d'effronterie;
il soutenait que sa montre et sa chaine lui avaient ete donnees par
l'excellent M. Georgey; il indiquait l'horloger qui la lui avait vendue,
le bijoutier qui venait de lui vendre sa chaine.
Son air assure, ses indications si precises, ebranlerent un peu les
gendarmes; celui qui l'escortait lui dit avec plus de douceur:
"Eh bien, mon ami, si tu es innocent, ce que nous allons savoir tout
a l'heure, tu n'as rien a craindre des gendarmes, Nous voici pres
d'arriver. M. Georgey, comme tu l'appelles, saura bien te reconnaitre et
nous dire que tu ne lui as rien vole, non plus que ton camarade, qui dit
avoir les poches vides."
Ils arrivaient en effet devant le commissaire de police qui venait
constater le vol. Quand les gendarmes eurent amene devant lui les deux
amis, il commanda qu'on les fouillat. Alcide n'avait rien de suspect,
mais Frederic, qui avait proteste n'avoir rien dans ses poches, poussa
un cri de detresse quand le gendarme retira de la poche de cote de sa
redingote une chaine et plusieurs pieces d'or et d'argent.
"Tu es plus riche que tu ne le croyais, mon garcon", lui dit le
gendarme.
L'exclamation de Frederic attira l'attention de M. Georgey; il se
retourna, reconnut Frederic et Alcide, et s'ecria:
"Le petite Bonarde! Oh! _my goodness!_"
Le pauvre M. Georgey resta comme petrifie.
LE GENDARME.--Veuillez, Monsieur, venir reconnaitre si l'or et la chaine
que nous avons trouves dans la poche de ce garcon sont a vous."
M. Georgey s'approcha. Il jeta un coup d'oeil sur les pieces d'or, qui
etaient des guinees anglaises. C'etaient les siennes, il n'y avait pas
a en douter. Que faire! La pauvre Mme Bonard et son mari se trouvaient
deshonores par le vol de leur fils! Son parti fut bientot
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