s a Bourges, et on observait une grande reserve.
A Bordeaux, l'insurrection etait permanente et energique. Les deputes
Treilhard et Mathieu furent gardes a vue des leur arrivee, et il fut
question d'abord de les garder comme otages; cependant, sans en venir a
cette extremite, on les somma de comparaitre devant la commission
populaire, ou les bourgeois, qui les regardaient comme des envoyes
_maratistes_, les accueillirent assez mal. On les interrogea sur ce qui
s'etait passe a Paris; et, apres les avoir entendus, la commission declara
que, d'apres leur deposition meme, la convention n'avait pas ete libre au
2 juin, ne l'etait plus depuis cette epoque; qu'ils n'etaient eux-memes
que les envoyes d'une assemblee sans caractere legal, et qu'en consequence
ils n'avaient qu'a sortir du departemens.
Ils furent en effet reconduits sur les limites, et immediatement apres on
decreta a Bordeaux les mesures qui venaient d'etre prises a Caen. On
prepara des subsistances et des armes; on detourna les fonds publics, et
une avant-garde fut portee a Langon, en attendant le corps principal qui
devait partir sous peu de jours. Ceci se passait encore dans les derniers
jours de juin et les premiers de juillet.
Les deputes Mathieu et Treilhard, trouvant moins de resistance, et pouvant
mieux se faire entendre dans les departemens de la Dordogne, de la Vienne,
de Lot-et-Garonne, parvinrent a calmer les esprits, et reussirent, par
leur caractere conciliateur, a empecher des mesures hostiles et a gagner
du temps dans l'interet de la convention. Mais dans les departemens plus
eleves, dans les montagnes de la Haute-Loire, et sur leur revers, dans
l'Herault, le Gard, sur tous les bords du Rhone, l'insurrection fut
generale: le Gard et l'Herault mirent leurs bataillons en marche, et les
envoyerent au Pont-Saint-Esprit, pour y occuper les passages du Rhone, et
y faire leur jonction avec les Marseillais qui devaient remonter ce
fleuve. Les Marseillais, en effet, refusant d'obtemperer aux decrets de la
convention, maintinrent leur tribunal, n'elargirent point les patriotes
incarceres, et firent meme commencer les executions.
Ils formerent une armee de six mille hommes, qui s'avanca d'Aix sur
Avignon, et qui, se liant aux Languedociens reunis au Pont-Saint-Esprit,
devait soulever dans sa marche les rives du Rhone, de l'Isere et de la
Drome, et se coaliser enfin avec les Lyonnais et avec les montagnards de
l'Ain et du Jura. A Grenoble, les administr
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