ecoute en
travaillant. On l'a garde par charite, dans la maison, pendant les
vacances. Il en profite pour etudier a mort les philosophes grecs.
Seulement, la chambre est trop chaude et les plafonds trop bas. On
etouffe la-dessous... Pas de volets aux fenetres. Le soleil entre comme
une torche et met le feu partout. Le platre des solives craque, se
detache... De grosses mouches, alourdies par la chaleur, dorment collees
aux vitres... Le petit Chose lui, fait de grands efforts pour ne pas
dormir. Sa tete est lourde comme du plomb; ses paupieres battent.
Travaille donc, Daniel Eyssette!... Il faut reconstruire le foyer...
Mais non! Il ne peut pas... Les lettres de son livre dansent devant ses
yeux, puis, ce livre qui tourne, puis la table, puis la chambre. Pour
chasser cet etrange assoupissement, le petit Chose se leve, fait
quelques pas; arrive devant la porte, il chancelle et tombe a terre
comme une masse, foudroye par le sommeil.
Au-dehors, les moineaux piaillent; les cigales chantent a tue-tete; les
platanes, blancs de poussiere, s'ecaillent au soleil en etirant leur
mille branches.
Le petit Chose fait un reve singulier; il lui semble qu'on frappe a la
porte de sa chambre, et qu'une voix eclatante l'appelle par son nom:
"Daniel, Daniel!..." Cette voix, il la reconnait. C'est du meme ton
qu'elle criait autrefois: "Jacques, tu es un ane!"
Les coups redoublent a la porte: "Daniel, mon Daniel, c'est ton pere;
ouvre vite."
Oh! l'affreux cauchemar. Le petit Chose veut repondre, aller ouvrir. Il
se redresse sur son coude: mais sa tete est trop lourde, il retombe et
perd connaissance...
Quand le petit Chose revient a lui, il est tout etonne de se trouver
dans une couchette bien blanche, entouree de grands rideaux bleus qui
font de l'ombre tout autour... Lumiere douce, chambre tranquille. Pas
d'autre bruit que le tic-tac d'une horloge et le tintement d'une cuiller
dans la porcelaine... Le petit Chose ne sait pas ou il est; mais il se
trouve tres bien. Les rideaux s'entrouvrent. M. Eyssette pere, une tasse
a la main, se penche vers lui avec un bon sourire et des larmes plein
les yeux. Le petit Chose peut continuer son reve.
"Est-ce vous, pere? Est-ce bien vous?
--Oui, mon Daniel; oui, mon cher enfant, c'est moi
--Ou suis-je donc?
--A l'infirmerie, depuis huit jours...; maintenant tu es gueri, mais tu
as ete bien malade...
--Mais vous, mon pere, comment etes-vous la? Embrassez-moi donc
encore!... Oh! te
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