ot
d'ordre vous ne desarmiez pas, mais vous confiniez dans une opposition
sterile qui semble pour certains _l'ultima ratio_ de la politique, si
vous vous retiriez sous votre tente et bruliez vos vaisseaux, ce serait
a votre grand dam. Etes-vous prisonniers des fauteurs de desordre? Leur
avez-vous donne des gages?" Bloch etait embarrasse pour repondre. M. de
Norpois ne lui en laissa pas le temps. "Si la negative est vraie, comme
je veux le croire, et si vous avez un peu de ce qui me semble
malheureusement manquer a certains de vos chefs et de vos amis, quelque
esprit politique, le jour meme ou la Chambre criminelle sera saisie, si
vous ne vous laissez pas embrigader par les pecheurs en eau trouble,
vous aurez ville gagnee. Je ne reponds pas que tout l'etat-major puisse
tirer son epingle du jeu, mais c'est deja bien beau si une partie tout
au moins peut sauver la face sans mettre le feu aux poudres et amener du
grabuge. Il va de soi d'ailleurs que c'est au gouvernement qu'il
appartient de dire le droit et de clore la liste trop longue des crimes
impunis, non, certes, en obeissant aux excitations socialistes ni de je
ne sais quelle soldatesque, ajouta-t-il, en regardant Bloch dans les
yeux et peut-etre avec l'instinct qu'ont tous les conservateurs de se
menager des appuis dans le camp adverse. L'action gouvernementale doit
s'exercer sans souci des surencheres, d'ou qu'elles viennent. Le
gouvernement n'est, Dieu merci, aux ordres ni du colonel Driant, ni, a
l'autre pole, de M. Clemenceau. Il faut mater les agitateurs de
profession et les empecher de relever la tete. La France dans son
immense majorite desire le travail, dans l'ordre! La-dessus ma religion
est faite. Mais il ne faut pas craindre d'eclairer l'opinion; et si
quelques moutons, de ceux qu'a si bien connus notre Rabelais, se
jetaient a l'eau tete baissee, il conviendrait de leur montrer que cette
eau est trouble, qu'elle a ete troublee a dessein par une engeance qui
n'est pas de chez nous, pour en dissimuler les dessous dangereux. Et il
ne doit pas se donner l'air de sortir de sa passivite a son corps
defendant quand il exercera le droit qui est essentiellement le sien,
j'entends de mettre en mouvement Dame Justice. Le gouvernement acceptera
toutes vos suggestions. S'il est avere qu'il y ait eu erreur judiciaire,
il sera assure d'une majorite ecrasante qui lui permettrait de se donner
du champ.
--Vous, monsieur, dit Bloch, en se tournant vers M. d'Argencourt a q
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