'assister au spectacle
promis.
Si le pave de la place etait envahi par une masse compacte de populaire,
les tribunes, les balcons, les fenetres qui entouraient la place
n'etaient pas moins garnis. Mais la, c'etait la foule elegante des
seigneurs et des nobles dames.
Tous et toutes, nobles et manants, attendaient avec la meme impatience
sauvage.
Au centre de la place se dressait le bucher, immense piedestal de
fascines et de bois sec sur lequel devaient prendre place sept
condamnes.
Face au bucher, se dressait l'autel construit sur la place meme, pare
de riches dentelles, tendu de fine lingerie, d'une blancheur immaculee,
enguirlande, fleuri, illumine comme pour une grande fete: et c'etait en
effet jour de grande fete.
Du haut de la grosse tour du couvent de San Francisco proche, sans
discontinuer, le glas tombait, lent, lugubre, sinistre, affolant. Il
annoncait que la fete etait commencee, c'est-a-dire que les condamnes,
les juges, les moines, les confreries, la cour, le roi, tout ce qui
constituait le cortege, sortaient de la cathedrale pour traverser
processionnellement les principales voies de la ville, toutes aussi
encombrees de curieux, avant d'aboutir a la place ou les victimes, du
haut de leur bucher, devaient assister a la celebration de la messe,
avant que les bourreaux ne missent le feu aux fascines.
La haine, la fureur, l'impatience, la joie, une joie hideuse, tels
etaient les sentiments qui eclataient sur toutes les faces convulsees.
Pas un mot de pitie, pas une protestation.
Derriere l'intendant de Fausta qui, au milieu de cette foule compacte,
se tracait un chemin avec une vigueur surprenante chez un bonhomme qui
paraissait aussi casse, le Torero parvint jusqu'au perron d'une des plus
somptueuses maisons en facade sur la place.
Contrairement a toutes les autres habitations, cette maison n'avait pas
un seul spectateur a ses nombreuses fenetres, pas plus qu'a ses balcons.
Guide par l'intendant, apres avoir traverse un certain nombre de pieces,
meublees et ornees avec plus de magnificence encore que les salles de la
maison des Cypres, don Cesar fut introduit dans un petit cabinet, desert
pour le moment.
L'intendant le pria d'attendre la un instant, le temps d'aller aviser sa
maitresse.
Dans le couloir ou il s'engagea, le vieil intendant tout casse redressa
soudain sa taille, et, d'un pas alerte et vif, il monta au premier etage
et penetra dans un salon, dont le balcon large et spacie
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