e, son elegance
sobre, dedaigneuse de toute recherche outree, le sourire un peu
melancolique, l'oeil droit, tres doux, la loyaute qui eclatait sur tous
ses traits, le front large qui denotait une intelligence remarquable,
enfin la force physique que revelaient des membres admirablement
proportionnes dans une taille moyenne, Fausta vit tout cela dans un coup
d'oeil, et, si l'impression qu'elle venait de produire etait tout a
son avantage, l'impression qu'il lui produisait, a elle, pour etre
prudemment dissimulee, ne fut pas moins favorable.
De cet examen tres rapide, qu'il soutint avec une aisance remarquable,
sans paraitre le soupconner, le Torero se tira tout a son avantage. Chez
Fausta, la femme et l'artiste se declarerent egalement satisfaites.
Tout le plan de Fausta dependait de la decision qu'allait prendre le
Torero. Cette decision elle-meme dependait de l'effet qu'elle produirait
sur lui.
Qu'il se derobat, qu'il refusat de renoncer a son amour pour la Giralda,
et ses plans se trouvaient singulierement compromis.
L'oeuvre n'etait pas irrealisable pourtant, du moins elle l'esperait.
Et, quant a sa difficulte meme, pour une nature combative comme la
sienne, c'etait un stimulant.
Quant a la Giralda, qui pouvait etre sa pierre d'achoppement, on a deja
vu qu'elle avait pris une decision a son egard. C'etait tres simple,
la Giralda disparaitrait. Si puissant que fut l'amour du Torero, il ne
tiendrait pas devant l'irreparable, c'est-a-dire la mort de la
femme aimee. Il etait jeune, ce Torero, il se consolerait vite. Et,
d'ailleurs, pour activer sa guerison, elle avait une couronne a lui
donner.
Fausta ne connaissait qu'un seul etre au monde capable de rester froid
devant d'aussi puissantes tentations: Pardaillan.
Mais Pardaillan n'avait pas son pareil.
Oui, l'oeuvre de seduction serait difficile, mais non pas impossible.
Elle mit donc en oeuvre toutes les ressources de son esprit subtil,
elle fit appel a toute sa puissance de seduction, et, de cette voix
harmonieuse, enveloppante comme une caresse, elle demanda:
--C'est bien vous, monsieur, qu'on appelle don Cesar?
Le Torero s'inclina en signe d'assentiment.
--Vous aussi qu'on appelle El Torero?
--Moi-meme, madame.
--Vous ne connaissez pas votre veritable nom. Vous ignorez tout de votre
naissance et de votre famille. Vous supposez etre venu au monde, voici
environ vingt-deux ans, a Madrid. C'est bien cela?
--Tout a fait, madame.
--Exc
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