se
declaration du feu roi Henri de Valois, proclamant Philippe II d'Espagne
heritier de la couronne de France.
IV
ENTRETIEN DE PARDAILLAN ET DU TORERO
En quittant Fausta, le Torero s'etait dirige en hate vers l'auberge de
la Tour, ou il avait laisse celle qu'il considerait comme sa fiancee
confiee aux bons soins de la petite Juana.
Il allait d'un pas accelere, sans se soucier des passants qu'il
bousculait, pris soudain d'un sinistre pressentiment qui lui faisait
redouter un malheur. Il lui semblait qu'un danger pressant planait sur
la Giralda...
Chose etrange, maintenant qu'il n'etait plus captive par le charme de
Fausta, il lui paraissait que toute cette histoire de sa naissance
qu'elle lui avait contee n'etait qu'un roman imagine en vue d'il ne
savait quelle mysterieuse intrigue.
"Quelle vraisemblance tout cela a-t-il? se disait-il en marchant. Rien
ne concorde avec ce que je sais. Comment ai-je ete assez sot pour me
laisser abuser a ce point? Le brave homme qui m'a eleve et qui m'a donne
maintes preuves de sa loyaute et de son devouement m'a toujours assure
que mon pere avait ete mis a la torture sur l'ordre du roi et que, pour
etre bien assure de la bonne execution de cet ordre, il avait tenu a
assister lui-meme a l'epouvantable supplice. Le roi n'est pas, ne peut
pas etre mon pere."
Et avec une ironie feroce:
"Un roi, moi, le dompteur de taureaux! C'est une pitie seulement que
j'aie pu m'arreter un instant a pareille folie! Suis-je fait pour
etre roi! Ah! par le diable! serai-je plus heureux quand, pour la
satisfaction d'une stupide vanite, j'aurai sacrifie ma liberte, mes
amis, mon amour et lie mon sort a celui de Mme Fausta, qui fera de
moi un instrument bon a tuer des milliers de mes semblables pour
l'assouvissement de son ambition a elle! Sans compter que je me donnerai
la un maitre redoutable devant qui je devrai plier sans cesse. Au
diable, la Fausta; au diable, la couronne et la royaute. Torero je suis.
Torero je resterai, et vive l'amour de ma gracieuse et tant douce et
tant jolie Giralda! Je demanderai a mon ami, M. de Pardaillan, de
m'emmener avec lui dans son beau pays de France. Presente par un
gentilhomme de cette valeur, il faudra que je sois bien emprunte pour ne
pas faire mon chemin, honnetement, sans crime et sans felonie. Allons,
c'est dit, si M. de Pardaillan veut bien de moi, je pars avec lui."
En monologuant de la sorte, il etait arrive a l'hotellerie, et ce fut
avec u
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