FREE BOOKS

Author's List




PREV.   NEXT  
|<   83   84   85   86   87   88   89   90   91   92   93   >>  
nce? Qui pourra me rendre la grace perdue? Le monde m'echappe. Je me debats parmi les ombres. Qui peut venir a mon secours? Telles furent mes reflexions sur le banc du Jardin des Plantes. J'avais froid. Bientot j'eus faim. Je ne constatai pas sans amertume qu'il m'etait possible d'avoir froid et faim malgre ma douleur. Nouvelle blessure pour l'orgueil. Je combattis le froid en marchant, et la faim avec un de ces petits pains aux raisins secs, un de ces pains de seigle qui ont fait les delices de mon enfance. J'errai ainsi, tantot dans les allees du jardin, tantot dans les rues avoisinantes, jusqu'a la chute du jour. Le ciel s'etait fort brouille et obscurci. Jamais il ne m'avait paru plus hostile, plus lugubre; et c'etait pure illusion, car j'ai connu, sous l'azur de juillet, des detresses en sueur qui passent de loin toutes les tristesses de l'hiver. Il n'y a de soleil que dans la paix du coeur. Ou aller? Comme la nuit s'epaississait, la neige se mit a tomber. J'etais alors dans la rue Buffon. Je revins a la surface du monde pour constater qu'il neigeait. Puis, nouvelle plongee dans les profondeurs. Un peu plus tard, je m'apercus que j'etais a la hauteur de la caserne municipale, rue Monge, en marche vers la rue du Pot-de-Fer. La bete remontait au gite; d'elle-meme, elle rentrait a la bauge, ou il fait tiede, ou l'on mange. Toujours la meme chose. Toujours le meme rythme. Sortir, rentrer. Rapporter a la maison, chaque soir, son fardeau de colere et de degout. XXII Monsieur, il est plus de minuit et vous m'avez ecoute jusqu'ici avec beaucoup de patience et de bonte. Je vais donc abuser de votre sympathie en achevant mon recit. Une semaine s'est ecoulee depuis les evenements qui ont marque, pour moi, la journee de Noel. Une fois encore, je vous prie de m'excuser si je m'obstine a nommer evenements ces choses qui se sont entierement passees en moi. Le monde a deux histoires: l'histoire de ses actes, celle que l'on grave dans le bronze, et l'histoire de ses pensees, celle dont personne ne semble se soucier. En verite, qu'importent mes actes, si toutes mes pensees n'en sont que le desaveu et la derision? J'ai d'abord vecu quatre jours dans une anxiete sans cesse croissante. Pour bien des raisons que vous devinez aisement, le sejour a la maison etait penible: tant de souvenirs, et le regard de ces deux femmes, et le mensonge de mon visage, de mes paroles, de mes gestes. Je suis donc so
PREV.   NEXT  
|<   83   84   85   86   87   88   89   90   91   92   93   >>  



Top keywords:

Toujours

 

toutes

 

evenements

 

tantot

 

maison

 

histoire

 

pensees

 

souvenirs

 

Monsieur

 

degout


colere
 

regard

 

fardeau

 
minuit
 
penible
 
beaucoup
 

patience

 
aisement
 

sejour

 

femmes


ecoute

 

mensonge

 

rentrait

 

remontait

 

gestes

 

rentrer

 

Rapporter

 

visage

 

Sortir

 

rythme


paroles
 
chaque
 
abuser
 

passees

 

histoires

 

entierement

 

nommer

 

choses

 
quatre
 
derision

desaveu

 

semble

 
bronze
 

personne

 
soucier
 

importent

 
verite
 

obstine

 

semaine

 
ecoulee