l'aile gauche.
Grace a la singuliere combinaison de Suwarow, qui voulait rendre ses
attaques successives, notre centre n'avait pas encore ete attaque.
Saint-Cyr avait eu le temps de faire ses dispositions, et de rapprocher
de Novi la division Watrin, formant son extreme droite. Sur les
instances de Kray, qui demandait a etre appuye par une attaque vers
le centre, Bagration s'etait enfin decide a l'assaillir avec son
avant-garde. La division Laboissiere, qui etait a la gauche de Novi,
laissant approcher les Russes de Bagration a demi-portee de fusil,
les accabla tout a coup d'un feu epouvantable de mousqueterie et de
mitraille, et couvrit la plaine de morts. Bagration, sans s'ebranler,
dirigea alors quelques bataillons pour tourner Novi par notre droite;
mais, rencontres par la division Watrin, qui se rapprochait de Novi, ils
furent rejetes dans la plaine.
On etait ainsi arrive a la moitie du jour sans que notre ligne fut
entamee. Suwarow venait d'arriver avec le corps russe de Derfelden. Il
ordonna une nouvelle attaque generale sur toute la ligne. Kray devait
assaillir de nouveau la gauche, Derfelden et Bagration le centre. Melas
etait averti de hater le pas, pour venir accabler notre droite. Tout
etant dispose, l'ennemi s'ebranle sur toute la ligne. Kray, s'acharnant
sur notre gauche, essaie encore de la faire assaillir de front par
Ott; mais la reserve Clausel repousse les troupes de Bellegarde, et la
division Lemoine culbute Ott sur les pentes des collines. Au centre,
Suwarow fait livrer une attaque furieuse a droite et a gauche de Novi.
Une nouvelle tentative de tourner la ville est dejouee, comme le matin,
par la division Watrin. Malheureusement nos soldats, entraines par
leur ardeur, s'abandonnent trop vivement a la poursuite de l'ennemi,
s'aventurent dans la plaine, et sont ramenes dans leur position. A une
heure le feu se ralentit de nouveau par l'effet de la fatigue generale;
mais il recommence bientot avec violence, et pendant quatre heures les
Francais, immobiles comme des murailles, resistent avec une admirable
froideur a toute la furie des Russes. Ils n'avaient fait encore que des
pertes peu considerables. Les Austro-Russes, au contraire, avaient ete
horriblement traites. La plaine etait jonchee de leurs morts et de leurs
blesses. Malheureusement le reste de l'armee austro-russe arrivait de
Rivalta, sous les ordres de Melas. Cette nouvelle irruption allait se
diriger sur notre droite. Saint-Cyr, s'en ape
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