Gluck), en presence de la
duchesse de Choiseul, de la duchesse de Grammont, du comte de la Marche
et de l'ambassadeur d'Espagne. On a siffle une comedie de Palissot,
l'auteur des _Philosophes_, et la chute honteuse de Palissot a fait
plaisir a tout le monde. Voici, cependant, un grand evenement entre
deux representations des comediens d'Italie, _enfants du fard et de
l'oisivete_: "Les Anglais bombardent Calais (17 juin 1762)." Certes,
c'est la ce qui s'appelle une grosse aventure... Eh bien, en ce
temps-la, Calais bombarde par les Anglais arrachait tout au plus cette
humble reflexion a la jeune Laurette: "On ne croit pas que cela
leur serve a grand'chose." Et la voila, sur la meme page, racontant
l'heureuse aventure arrivee a Mme de Beauffremont, lorsqu'elle eut la
fantaisie de visiter le chateau de Bellevue:
"Elle y fut promener, jeudi, avec Mme de Montalembert. Le roi y arriva
quelque temps apres elles et reconnut la livree de Mme de Beauffremont.
"Est-ce que la princesse est ici?--Oui, Sire.--Et avec qui
est-elle?--Avec Mme de Montalembert.--Leur a-t-on fait voir tous
les appartements?--Oui, Sire.--Sont-elles entrees dans les jardins?
ont-elles mange de mes cerises?--Pas encore, Sire; on attendait Votre
Majeste.--Je vais donc me depecher bien vite, pour qu'elles puissent en
manger a leur tour." Quand il eut mange, il dit a M. de Champcenetz, qui
est gouverneur de Bellevue: "Allez bien vite chercher ces dames." Et,
pour les laisser libres, il alla a Babioles, une petite maison aupres de
la, appartenant a M. de Champcenetz. N'est-ce pas la une action de
bon prince? Que j'eusse ete contente, si j'avais ete la lorsqu'il est
arrive; je l'aurais vu, ainsi que ces dames, de bien pres, et sans qu'il
m'apercut."
Tout cela est tres joli, sans doute; mais ce qui gate un peu ce gouter
royal, ce sont les Anglais qui bombardent Calais.
Huit jours plus tard, un autre evenement tres considerable signale la
Russie a l'attention publique... En quatre en cinq lignes, la jeune
Laurette a raconte cette immense catastrophe: "Eh bien, ma belle petite,
l'imperatrice de Russie me semble prendre son parti sans balancer
longtemps. Son mari, dit-on, voulait la repudier, on pretend meme lui
faire trancher la tete, de plus etablir le lutheranisme dans ses Etats;
mais elle l'a prevenu, l'a fait enfermer lui-meme, et s'est fait
declarer czarine."
En revanche, on vous dira tout au long comment un bal public vient de
s'etablir sur la pelouse
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