us pouvez en etre glorieux, puisqu'ils sont un temoignage de l'interet
qui se rattache aux opinions non moins qu'aux ecrits de l'aimable M.
de Fontenelle. Agreez cependant, Monsieur le secretaire perpetuel, mon
sincere hommage et ma vive admiration. Permettez en meme temps que je
cache un nom que Mlle Tetard vous dira bien volontiers, pour peu qu'elle
soit en train de deviner."
--Ah! que c'est joli, que c'est charmant... c'est divin, s'ecria Son
Altesse, et pour le coup notre homme est blesse dans ses oeuvres vives;
nous le mettons au defi de repondre. Et cependant qui nous dira le nom
du bel esprit a qui nous devons ce factum? Ce n'est pas M. de Malezieu,
ce n'est pas M. de Valincourt, ce n'est pas M. le cardinal de Polignac,
ce n'est pas meme M. de Saint-Aulaire, l'homme aux quatrains. Je
donnerais beaucoup pour le savoir.
Quand elle eut bien cherche, M. de Silly parla tout bas a l'oreille de
la princesse.
--Ah! dit-elle, est-ce possible! A-t-elle donc tant d'esprit?
--Oui, Madame, elle a tout cet esprit-la. C'est une precieuse, dans la
bonne acception du terme; elle ecrit en prose, elle ecrit en vers. Elle
est assez maladroite a faire des noeuds, j'en conviens, mais elle tourne
agreablement une comedie.
Alors la princesse, un doigt sur sa levre, imposa silence a M. de Silly;
mais le soir meme elle dispensait Mlle de Launay de son service a la
toilette, et le lendemain elle lui donnait une belle chambre au premier
etage, avec le titre de sa lectrice. On en murmura beaucoup dans tous
les recoins de la petite cour, mais enfin chacun en prit son parti, et
la nouvelle lectrice accepta sa nouvelle fortune avec tant de modestie
et de bonne grace qu'elle se la fit pardonner.
IV
Les choses allaient ainsi chez M. le duc du Maine, ou chaque jour
amenait un nouveau courtisan: aujourd'hui M. le duc de Brancas, le
lendemain le poete Chaulieu, tres a la mode en ce temps-la, ou bien le
chevalier de Vauvray; un peu plus tard M. Davisart, avocat general du
parlement de Toulouse, et l'apparition de M. Davisart dans le chateau de
Sceaux fut un veritable evenement. Pas un jour ne se passait sans que
Son Altesse Royale ne s'enfermat trois ou quatre heures avec ce nouveau
conseiller, tres dangereux, et, comme ils redigeaient ensemble une
protestation mysterieuse dont rien ne transpirait dans le chateau, il
vint un instant ou la princesse et son conseiller voulurent avoir un
secretaire intime. Apres une longue hesitation, M
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