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Ils avaient fait de la potence une indication pour guider les voyageurs
dans la foret.
Nous avons encore a raconter une aventure, et tout sera dit: le jour
ou disparut le bailli, les anciens du village qui avaient garde leur
sang-froid avaient tres bien vu que Satan, de sa main pleine d'eclairs,
avait grave on ne sait quoi sur la branche la plus haute du vieux chene.
Le vieux chene mourut de vieillesse, et les bucherons, en le depouillant
de sa couronne, y trouverent ce mot memorable, ecrit en traits de feu:
JUSTICE!
L'EPAGNEUL MAITRE D'ECOLE
I
Dans un canton de l'Arabie heureuse appele le Ludistan regnaient et
gouvernaient, au temps des feeries, le bon roi Lysis et la reine
Lysida. C'etaient deux bonnes gens, sans reproches et sans peur, qui se
laissaient conduire assez volontiers, le roi par son ministre Atrobolin,
la reine par sa dame d'honneur Moustelle; Moustelle, il est vrai,
appartenait aux premieres maisons de Ludistan.
C'etait un jour d'ete; la reine et le roi, qui ne s'amusaient pas tous
les matins dans le parc de leur chateau, se plaisaient souvent apres
leur dejeuner, compose d'une simple tasse de cafe au lait, a echapper,
comme on disait alors, aux ennuis de la grandeur. Donc, sitot que leurs
salons furent deserts, et voyant que les ambitieux les laissaient en
repos jusqu'au lendemain, le roi Lysis et la reine Lysida, longeant la
grande allee de maronniers qui traversait le parc et ne s'arretait qu'a
la petite grille, ouvrirent en toute hate la poterne et la refermerent,
tant ils avaient peur d'etre arretes par quelque urgente affaire de
la dame d'honneur ou du premier ministre. _A demain les affaires
serieuses!_ telle etait la devise de ce bon prince. Apres lui, elle a
servi a beaucoup d'autres qui ne s'en sont pas trop mal trouves.
Donc les voila, le roi et la reine tres joyeux, qui foulent d'un pied
leger la vaste prairie; au bout de la prairie il y avait un beau rivage
eclaire d'un soleil radieux, puis enfin la Mediterranee eclatante, ou,
tout au moins, de quelque nom qu'on l'appelle, un immense Ocean dont pas
un mortel n'avait franchi les dernieres limites.
Les plus hardis navigateurs envoyes par l'Academie des sciences de ce
beau royaume etaient revenus de leur aventure epouvantes des abimes, des
precipices, des rochers funestes qui les avaient arretes apres cinq
ou six mois d'une heureuse navigation. "Messieurs les academiciens,
s'ecriaient ces hardis voyageurs, nous n'av
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