s excellents pour l'enfant de son adoption: le cygne enseignait
a nager au petit Lysis, le corbeau a prevoir la pluie et le beau
temps.--"Je veux aussi qu'il apprenne a respecter les vieilles gens,
disait le bon epagneul; il sera complet si jamais il se montre aussi bon
qu'il est habile et courageux."
Justement, passait dans le sentier qui revient de la foret, une humble
vieille aux cheveux tout blancs, aux mains tremblantes. Elle portait,
sur son epaule voutee, un lourd fardeau d'epines qu'elle avait ramassa,
brin a brin, dans la foret, et d'un pas chancelant elle regagnait sa
cabane. Helas! il y avait encore bien loin de ce lieu au desert habite
par la vieille; elle etait harassee, elle s'avouait vaincue.
"Ah! malheureuse, je n'irai pas plus loin, disait-elle, et comment se
chauffera ma petite Rachel!"
En ce moment passa le jeune homme suivi de son fidele Azor. Noemi etait
mecontent, il avait fait mauvaise chasse et s'en revenait les mains
vides. Ce fut pourquoi sans doute il continua son chemin sans regarder
la vieille et son fardeau. Mais celle-ci: "Mon enfant, dit-elle (elle
disait cela d'un ton severe), il est mal a vous de ne pas faire au
moins quelque attention a une malheureuse femme qui pourrait etre votre
aieule; avez-vous donc le coeur assez dur pour m'abandonner au milieu du
chemin, en proie a tant de misere, et ne m'aiderez-vous point a porter
mon fardeau?..." Il faisait la sourde oreille, il avait froid, il avait
faim et n'etait pas touche du froid et de la faim de cette infortunee.
Azor, disons mieux, Mentor, voulant donner cette lecon de bonte a son
eleve, poussait de son mieux le fagot d'epines et deja son museau etait
tout en sang... "Mauvais coeur, disait la vieille, il n'a pas honte
de recevoir de son chien cette lecon d'humanite!" La lecon ne fut
pas perdue, et Noemi, revenant sur ses pas, chargea le fagot sur ses
epaules:
"Allons, vous le voulez!" dit-il a la vieille; elle marcha la premiere,
il la suivit sans remarquer les epines et les ronces qui tantot rayaient
son front et tantot menacaient ses yeux. Oh! miracle excellent de la
charite! plus il marchait, plus le fardeau semblait leger a ses jeunes
epaules; de cet amas de chardons et d'epines sortait une suave odeur de
menthe et de violette des champs; il s'enivrait de sa bonne action. Une
bonne action est une feerie, elle embellit toute chose. "C'est la, dit
la vieille, en s'arretant sur un seuil silencieux.--Quoi, deja!"
reprit le jeu
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