reste maitre de Tarwis, se rabat sur la division Bayalitsch qui
arrivait, et l'attaque en tete, tandis qu'elle est pressee en queue par
les divisions Guyeux et Serrurier reunies sous les ordres de Bonaparte.
Cette division n'a d'autre ressource que de se rendre prisonniere. Une
foule de soldats, natifs de la Carniole et de la Croatie, se sauvent a
travers les montagnes en jetant bas leurs armes; mais il en reste
cinq mille au pouvoir des Francais, avec tous les bagages, avec les
administrations et les parcs de l'armee autrichienne, qui avaient suivi
cette route. Ainsi Bonaparte etait arrive en quinze jours au sommet des
Alpes, et sur le point ou il commandait il avait entierement realise son
but.
Dans le Tyrol, Joubert justifiait sa confiance en livrant des combats de
geans. Les deux generaux Laudon et Kerpen occupaient les deux rives de
l'Adige. Joubert les avait attaques et battus a Saint-Michel, leur avait
tue deux mille hommes et pris trois mille. Les poursuivant sans relache
sur Neumark et Tramin, et leur enlevant encore deux mille hommes, il
avait rejete Laudon a la gauche de l'Adige, dans la vallee de la Meran,
et Kerpen a droite, au pied du Brenner. Kerpen, renforce a Clausen de
l'une des deux divisions venant du Rhin, s'etait fait battre encore. Il
s'etait renforce de nouveau, a Mittenwald, de la seconde division du
Rhin, avait ete battu une derniere fois, et s'etait retire enfin au-dela
du Brenner. Joubert, apres avoir ainsi deblaye le Tyrol, avait fait un
a droite, et il marchait a travers le Putersthal pour rejoindre son
general en chef. On etait au 12 germinal (1er avril), et deja Bonaparte
etait maitre du sommet des Alpes; il avait pres de vingt mille
prisonniers; il allait reunir Joubert et Massena a son corps principal,
et marcher avec cinquante mille hommes sur Vienne. Son adversaire rompu
faisait effort pour rallier ses debris, et les reunir aux troupes qui
arrivaient du Rhin. Tel etait le resultat de cette marche prompte et
audacieuse.
Mais tandis que Bonaparte obtenait ces resultats si rapides, tout ce
qu'il avait prevu et apprehende sur ses derrieres se realisait. Les
provinces venitiennes, travaillees par l'esprit revolutionnaire,
s'etaient soulevees. Elles avaient ainsi fourni au gouvernement venitien
un pretexte pour deployer des forces considerables, et pour se mettre en
mesure d'accabler l'armee francaise, en cas de revers. Les provinces
de la rive droite du Mincio etaient les plus atteints
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