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des Alpes, les franchirait a sa suite, battrait successivement, comme il
avait toujours fait, les Autrichiens isoles, et, s'il etait appuye par
un mouvement des armees du Rhin, s'avancerait jusqu'a Vienne.
En consequence, il renforca Joubert, qui depuis Rivoli avait merite
toute sa confiance, des divisions Baraquai d'Hilliers et Delmas, et lui
composa un corps de dix-huit mille hommes. Il le chargea de monter dans
le Tyrol, de battre a outrance les generaux Laudon et Kerpen, de les
rejeter au-dela du Brenner, de l'autre cote des Alpes, et ensuite de
filer par la droite a travers le Putersthal, pour venir joindre la
grande armee dans la Carinthie. Laudon et Kerpen pouvaient sans doute
revenir dans le Tyrol, apres que Joubert aurait rejoint l'armee
principale; mais il leur fallait du temps pour se remettre d'une
defaite, pour se renforcer et regagner le Tyrol, et pendant ce temps
Bonaparte serait aux portes de Vienne. Pour calmer les Tyroliens,
il recommanda a Joubert de caresser les pretres, de dire du bien de
l'empereur et du mal de ses ministres, de ne toucher qu'aux caisses
imperiales, et de ne rien changer a l'administration du pays. Il chargea
l'intrepide Massena, avec sa belle division forte de dix mille hommes,
de marcher sur le corps qui etait au centre vers Feltre et Bellune, de
courir aux gorges de la Ponteba qui precedent le grand col de Tarwis, de
s'emparer des gorges et du col, et de s'assurer ainsi du debouche de
la Carinthie. Il voulait de sa personne marcher avec trois divisions,
fortes de vingt-cinq mille hommes, sur la Piave et le Tagliamento,
pousser devant lui l'archiduc dans la Carniole, se rabattre ensuite vers
la chaussee de la Carinthie, joindre Massena au col de Tarwis, franchir
les Alpes a ce col, descendre dans la vallee de la Drave et de la Muer,
recueillir Joubert, et marcher sur Vienne. Il comptait sur l'impetuosite
et l'audace de ses attaques, et sur l'impression que laissaient
ordinairement ses coups prompts et terribles.
Avant de se mettre en marche, il donna au general Kilmaine le
commandement de la Haute-Italie. La division Victor, echelonnee dans les
etats du pape, en attendant le paiement des 30 millions, devait revenir
sous peu de jours sur l'Adige, et y former avec les Lombards le corps
d'observation. Une fermentation extraordinaire regnait dans les
provinces venitiennes. Les paysans et les montagnards devoues
aux pretres et a l'aristocratie, les villes agitees par l'esprit
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