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m'inspiraient le plus vif interet. En lui serrant la main, je fis des
voeux pour que ce ne fut pas la derniere fois; mais il etait ecrit
qu'ils demeureraient steriles, et que l'armee regretterait un de ses
plus nobles enfants.
Le 31, des que le jour commenca a poindre, je me mis en route avec un
detachement de chasseurs et spahis, aux ordres de MM. d'Yanville et
Lermina. Pour arriver a temps a Philippeville, y prendre le bateau a
vapeur d'Alger, et afin de derouter les partis ennemis, nous doublames
l'etape. A El-Outaia, ou nous fimes halte, Dena et quelques-uns de
ses spahis bleus, dont j'avais deja eu lieu de reconnaitre l'utile
intelligence, accrurent mon escorte. Le soir, nous etions a El-Kantara,
apres avoir fait cinquante-huit kilometres dans la journee. Nous recumes
l'hospitalite du caid, et nous passames la nuit sous la sauvegarde de sa
fidelite.
Le lendemain, meme journee. Notre halte se fit a El-Ksour, ou Dena nous
quitta. Je lui donnai en souvenir un pistolet a deux coups dans le meme
canon, dont il avait remarque la justesse en me voyant tirer un corbeau
pendant la marche. Nous arrivames a Batna fort avant dans la nuit; nous
avions parcouru une double etape de soixante-onze kilometres.
M. le lieutenant-colonel de Caprez me recut avec sa cordialite
accoutumee, et m'installa dans le quartier de M. le colonel Carbuccia.
Il m'apprit que je rencontrerais, avant d'arriver a Constantine, une
partie des renforts attendus a la colonne. Le lendemain, avec M. Osman,
jeune lieutenant indigene, et quelques-uns de ses spahis, j'allai
coucher a Ain-Yagout.
Le surlendemain, 3 novembre, pres du lac sale dont j'ai parle, nous
fimes une chasse fort singuliere. M. Osman ayant apercu, fort loin dans
la plaine, une hyene qui se dirigeait vers les montagnes a droite, deux
ou trois de nos spahis se mirent a sa poursuite. Ils la rejoignirent
bientot et lui tirerent, sans l'atteindre, plusieurs coups de fusil.
Mettant le sabre a la main, un de ces cavaliers lui porta alors un coup
de pointe, qui la blessa tres legerement; mais le cheval de cet homme
s'etant abattu en meme temps, il se trouva sur l'hyene, qu'il maitrisa
sans en etre mordu. Nous accourumes tous; a l'aide de ses camarades, qui
avaient mis pied a terre, il la musela avec des cordes. Attachee par le
cou a une courroie de charge, elle marcha quelque temps devant lui, et
comme elle nous embarrassait, on la tua avec un couteau. Quoiqu'elle fut
enorme, elle para
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