t; il disait a M. Pierre Bonaparte d'aller a Alger; pourquoi
faire? C'etait une chose a peu pres inusitee qu'un officier commandant
une troupe, et une troupe devant l'ennemi, en fut detache pour aller
devant le gouverneur d'Alger demander des secours. Mais enfin j'accepte
cette mission tout etrange qu'elle puisse paraitre. Du moins fallait-il
l'accomplir. Or, que se passe-t-il?
En arrivant a Philippeville, M. Pierre Bonaparte trouve des troupes qui
debarquaient. C'etait une chose toute simple. En ne consultant que mon
coeur de soldat, je me serais mis a la tete de ces troupes, je serais
parti avec elles, et le lendemain je serais monte a l'assaut de Zaatcha.
(Tres bien! tres bien!)
_M. Pierre Bonaparte._--Un officier au titre etranger ne peut pas
commander! D'ailleurs, il y avait des lieutenants-colonels.
_M. le Ministre._--M. Pierre Bonaparte en a juge autrement. Il arrive a
Philippeville; un paquebot partait pour la France: il prend passage
a bord de ce paquebot; il arrive a Marseille, puis a Paris. Arrive a
Paris, il se presente chez le ministre de la guerre. Je fus assez etonne
de le voir: je connaissais son arrivee, du reste; je la connaissais par
un rapport du prefet de police, et je devais la connaitre, parce que,
dans toute hypothese, il m'importait beaucoup de savoir ou etait M.
Pierre Bonaparte.
M. Bonaparte se presente chez moi. Je lui demande par quel hasard il est
a Paris. Il me montre son ordre. Je lui dis: Cet ordre vous couvre par
rapport a Zaatcha, par rapport a l'abandon d'un poste militaire. S'il en
eut ete autrement, c'eut ete un deshonneur; un Bonaparte ne peut pas se
deshonorer, c'est impossible.
M. Pierre Bonaparte me montre ensuite un projet de lettre contenant
des doctrines que je ne pouvais pas accepter et que j'ai combattues,
doctrines que vous avez entendues et qui auraient pour consequence de
mettre le Gouvernement dans l'impossibilite absolue de donner quelque
mandat que ce puisse etre a des membres de cette Assemblee. (Tres bien!)
Nonobstant mes observations, M. Pierre Bonaparte a fait inserer dans les
journaux la lettre que vous avez lue, et il l'a signee. Le Gouvernement
etait mis en demeure de repondre; il l'a fait par le decret que vous
connaissez. (Bruit.) Je repete ma phrase. Le Gouvernement etait mis en
demeure de repondre a la lettre de M. Pierre Bonaparte; c'etait une
espece de defi; le Gouvernement a repondu par le decret que vous avez
vu.
_M. Pierre Bonaparte._--P
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