ee, qu'a ma place, ayant rencontre
les renforts, il se serait mis a leur tete, il serait parti avec eux,
et, le lendemain, il serait monte a l'assaut de Zaatcha!! Je transcris
litteralement ses expressions, mais c'est a ne pas y croire! Comment,
moi, officier au titre etranger, j'aurais donne des ordres a des troupes
ayant a leur tete des lieutenants-colonels et des chefs de bataillon au
titre francais? Mais ils m'auraient _envoye promener_, et ils auraient
bien fait! M. d'Hautpoul, ce jour-la, semblait avoir oublie les
rudiments de la hierarchie militaire, et les droits au commandement que,
meme a parite de grade, un officier etranger ne peut exercer vis-a-vis
d'un officier au titre francais.[12]
[Note 12: Article 3 de l'ordonnance du 3 mai 1832.]
Et que dire de cette pretention de monter a l'assaut le lendemain?
D'abord, les renforts etant separes de Zaatcha par une distance de
plusieurs journees de marche, le plus grand foudre de guerre, a moins
d'etre Josue, n'aurait pu accomplir le miracle dont parlait l'honorable
general. Laissant de cote cette legere erreur geographique, qu'aurait
dit le general en chef si, m'arrogeant ses prerogatives, j'etais venu
lui prescrire un plan, ou tenter une operation quelconque sans prendre
ses ordres? Et avec quoi l'aurais-je tentee, qui m'aurait obei, ou
plutot _ne m'aurait-on pas pris pour fou!_ C'est dommage d'entendre un
homme respectable debiter de pareilles excentricites, et n'a-t-il pas
fallu que les esprits fussent bien prevenus, pour les ecouter sans
sourciller? D'ailleurs, l'ordre formel de mon general n'etait-il pas
de me rendre a Alger, et si j'eusse desobei, fut-ce pour retourner a
Zaatcha plutot qu'a l'Assemblee nationale, M. d'Hautpoul _ne m'eut-il
pas traduit devant un conseil de guerre, ou, tout au moins, revoque de
mon grade, et, qui plus est, de mon emploi, quand meme je n'en aurais
pas eu?_
M. d'Hautpoul, dans son discours, accordait beaucoup a mon nom, et il
venait declarer, en meme temps, que ce nom et les longues persecutions
qu'il a attirees, ne valaient pas la peine de naturaliser mon epaulette,
ni d'arreter une mesure qui certes n'etait pas empreinte d'aucun esprit
de famille.
Enfin, lorsque, tout en commettant de si singulieres meprises, il me
reprochait de ne pas avoir _consulte mon coeur de soldat_, on comprendra
que si j'avais voulu descendre a des personnalites, rien ne m'eut ete
plus facile; mais je crus, et je crois encore, que cela ne m'eut p
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