sez, monseigneur.
MARC, _a Gabriel_.
Y songez-vous? en prison, vous, monseigneur?
GABRIEL.
Oui, je veux connaitre un peu de tout.
MARC.
Bonte divine! que dira monseigneur votre grand-pere?
GABRIEL.
Il dira que je me conduis comme un homme.
SCENE II.
En prison.
GABRIEL, ASTOLPHE, LE CHEF DES SBIRES, MARC.
_(Adolphe dort etendu sur un grabat. Marc est assoupi sur un banc au
fond. Gabriel se promene a pas lents, et chaque fois qu'il passe devant
Astolphe, il ralentit encore sa marche et le regarde.)_
GABRIEL.
Il dort comme s'il n'avait jamais connu d'autre domicile! Il n'eprouve
pas, comme moi, une horrible repugnance pour ces murs souilles de
blasphemes, pour cette couche ou des assassins et des parricides ont
repose leur tete maudite. Sans doute, ce n'est pas la premiere nuit
qu'il passe en prison! Etrangement calme! et pourtant il a ote la vie
a son semblable, il y a une heure! son semblable! un bandit? Oui, son
semblable. L'education et la fortune eussent peut-etre fait de ce bandit
un brave officier, un grand capitaine. Qui peut savoir cela, et qui s'en
inquiete? celui-la seul a qui l'education et le caprice de l'orgueil ont
cree une destinee si contraire au voeu de la nature: moi! Moi aussi, je
viens de tuer un homme... un homme qu'un caprice analogue eut pu, au
sortir du berceau, ensevelir sous une robe et jeter a jamais dans la vie
timide et calme du cloitre! _(Regardant Astolphe.)_ Il est etrange que
l'instant qui nous a rapproches pour la premiere fois ait fait de chacun
de nous un meurtrier! Sombre presage! mais dont je suis le seul a me
preoccuper, comme si, en effet, mon ame etait d'une nature differente...
Non, je n'accepterai pas cette idee d'inferiorite! les hommes seuls
l'ont creee, Dieu la reprouve. Ayons le meme stoicisme que ceux-la, qui
dorment apres une scene de meurtre et de carnage.
_(Il se jette sur un autre lit.)_
ASTOLPHE, _revant._
Ah! perfide Faustina! tu vas souper avec Alberto, parce qu'il m'a gagne
mon argent!... Je te... meprise... _(Il s'eveille et s'assied sur son
lit.)_ Voila un sot reve! et un reveil plus sot encore! la prison! Eh!
compagnons?... Point de reponse; il parait que tout le monde dort. Bonne
nuit!
_(Il se recouche et se rendort.)_
GABRIEL, _se soulevant, le regarde_.
Faustina! Sans doute c'est le nom de sa maitresse. Il reve a sa
maitresse; et moi, je ne puis songer qu'a cet homme dont les traits se
sont hideusement contract
|