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sanctuaire auguste de la famille, entre la mere et ses enfants (lien sacre que la Providence semble avoir epure et ennobli jusque chez la brute), tu osasses venir exercer tes fureurs! O deplorable instinct, funeste besoin de souffrir et de faire souffrir! est-il possible que je te rencontre jusque dans le sein de ma mere! (_Il cache son visage dans ses mains et devore ses larmes_.) SETTIMIA _essuie les siennes et se leve_. Mon fils, la lecon est severe! Je ne sais pas jusqu'a quel point il sied a un fils de la donner a sa mere; mais, de quelque part qu'elle me vienne, je la recevrai comme une epreuve a laquelle Dieu me condamne. Si je l'ai meritee de vous, elle est assez cruelle pour expier tous les torts que vous pouvez avoir a me reprocher. (_Elle veut se retirer_.) ASTOLPHE, _tachant de la retenir_. Pas ainsi, ma mere, ne me quittez pas ainsi. Vous souffrez trop, et moi aussi! SETTIMIA. Laissez-moi me retirer dans mon oratoire, Astolphe. J'ai besoin d'etre seule et de demander a Dieu si je dois jouer ici le role d'une mere outragee ou celui d'une esclave craintive et repentante. (_Elle sort_.) SCENE V. ASTOLPHE, _seul; puis_ GABRIELLE. ASTOLPHE. Orgueil! toute femme est ta victime, tout amour est la proie!.... excepte toi, excepte ton amour, o ma Gabrielle!... o ma seule joie, o le seul etre genereux et vraiment grand que j'aie rencontre sur la terre! GABRIELLE, _se jetant a son cou_. Mon ami, j'ai tout entendu. J'etais la sous la fenetre, assise sur le banc. Je sais tout ce qui se passe maintenant dans la famille a cause de moi. Je sais que je suis un sujet de scandale, une source de discorde, un objet de haine. ASTOLPHE. O ma soeur! o ma femme! depuis que je t'aime, je croyais qu'il ne m'etait plus possible d'etre malheureux! Et c'est ma mere!... GABRIELLE. Ne l'accuse pas, mon bien-aime, elle est vieille, elle est femme! Elle no peut vaincre ses prejuges, elle ne peut reprimer ses instincts. Ne te revolte pas contre des maux inevitables. Je les avais prevus des le premier jour, et je ne t'aurais fait pressentir, pour rien au monde, ce qui t'arrive aujourd'hui. Le mal eclate toujours assez tot. ASTOLPHE. O Gabrielle! tu as entendu ses invectives contre toi!... Si toute autre que ma mere eut profere la centieme partie... GABRIELLE. Calme-toi! tout cela ne peut m'offenser; je saurai le supporter avec resignation et patience. N'ai-je pas dans ton amour une compensation
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