ment et qui n'y rentrerez que pour me demander pardon de
vos torts.
ASTOLPHE.
Je vous demanderai pardon, ma mere, et a genoux si vous voulez; mais
d'abord je vais jeter ce moine par la fenetre.
(_Frere Come, qui avait repris son impudence, palit et recule jusqu'a la
porte. Settimia tombe sur une chaise prete a defaillir._)
BARBE, _lui frottant les mains_.
_Ave Maria!_ quel scandale! Seigneur, ayez pitie de nous!...
FRERE COME.
Jeune homme! que le ciel vous eclaire!
(_Astolphe fait un geste de menace. Frere Come s'enfuit._)
[Illustration: Vous croyez qu'elle travaille... (Page 21).]
SCENE III.
SETTIMIA, BARBE, ASTOLPHE.
ASTOLPHE, _s'approchant de sa mere_.
Pour l'amour de moi, ma mere, reprenez vos sens. J'aurais desire que
les choses se passassent moins brusquement, et surtout loin de votre
presence. Je me l'etais promis; mais cela n'a pas dependu de moi: le
maintien cafard et impudent de cet homme m'a fait perdre le peu de
patience que j'ai.
(_Settimia pleure._)
BARBE.
Et que vous a-t-il donc fait, cet homme, pour vous mettre ainsi en
fureur?
ASTOLPHE.
Dame Barbe, ceci ne vous regarde pas. Laissez-moi seul avec ma mere.
BARBE.
Allez-vous donc me chasser de la maison, moi aussi?
ASTOLPHE _lui prend le bras et l'emmene vers la porte._
Allez dire vos prieres, ma bonne femme, et n'augmentez pas, par votre
humeur reveche, l'amertume qui regne ici.
(_Barbe sort en grommelant_.)
SCENE IV
ASTOLPHE, SETTIMIA.
SETTIMIA, _sanglotant_.
Maintenant, me direz-vous, enfant denature, pourquoi vous agissez de la
sorte?
ASTOLPHE.
Eh bien, ma mere, je vous supplie de ne pas me le demander. Vous savez
que je n'ai que trop d'indulgence dans le caractere, et que ma nature ne
me porte ni au soupcon ni a la haine. Aimez-moi, estimez-moi assez pour
me croire: j'avais des raisons de la plus haute importance pour ne pas
souffrir une heure de plus ce moine ici.
SETTIMIA.
Et il faut que je me soumette a votre jugement interieur, sans meme
savoir pourquoi vous me privez de la compagnie d'un saint homme qui
depuis dix ans a la direction de ma conscience? Astolphe, ceci passe les
limites de la tyrannie.
ASTOLPHE.
Vous voulez que je vous le dise? Eh bien, je vous le dirai pour faire
cesser vos regrets et pour vous montrer entre quelles mains vous aviez
remis les renes de votre volonte et les secrets de votre ame. Ce
cordelier poursuivait ma femme de ses ignobles s
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