de la poitrine d'Antonio. A part.)_ C'est la
verite, une large blessure. O Gabrielle. _(Haut.)_ Je courrai vous
chercher un chirurgien... des que je vous aurai conduit chez vous...
FAUSTINA.
Non! chez moi, c'est plus pres d'ici. _(Ils sortent en soutenant Antonio
de chaque cote.)_
SCENE VI.
Une petite chambre tres-sombre.
GABRIEL, MARC.
_(Gabriel en costume noir avec son domino rejete sur ses epaules. Il est
assis dans une attitude reveuse et plonge dans ses pensees. Marc au fond
de la chambre.)_
MARC.
Il est deux heures du matin, monseigneur, est-ce que vous ne songez pas
a vous reposer?
GABRIEL.
Va dormir, mon ami, je n'ai plus besoin de rien.
MARC.
Helas! vous tomberez malade! Croyez-moi, il vaudrait mieux vous
reconcilier avec le seigneur Astolphe, puisque vous ne pouvez pas
l'oublier...
GABRIEL.
Laisse-moi, mon bon Marc; je t'assure que je suis tranquille.
MARC.
Mais si je m'en vais, vous ne songerez pas a vous coucher, et je vous
retrouverai la demain matin, assis a la meme place, et votre lampe
brulant encore. Quelque jour, le feu prendra a vos cheveux... et, si
cela n'arrive pas, le chagrin vous tuera un peu plus tard. Si vous
pouviez voir comme vous etes change!
GABRIEL.
Tant mieux, ma fraicheur trahissait mon sexe. A present que je suis
garcon pour toujours, il est bon que mes joues se creusent... Qu'as-tu a
regarder cette porte?...
MARC.
Vous n'avez rien entendu? Quelque chose a gratte a la porte.
GABRIEL.
C'est ton epee. Tu as la manie d'etre arme jusque dans la chambre.
MARC.
Je ne serai pas en repos tant que vous n'aurez pas fait la paix avec
votre grand-pere... Tenez! encore! _(On entend gratter a la porte avec
un petit gemissement.)_
GABRIEL, _allant vers la porte_.
C'est quelque animal... Ceci n'est pas un bruit humain. _(Il veut ouvrir
la porte.)_
MARC, _l'arretant_.
Au nom du ciel! laissez-moi ouvrir le premier, et tirez votre epee...
_(Gabriel ouvre la porte malgre les efforts de Marc pour l'en empecher.
Mosca entre et se jette dans les jambes de Gabriel avec des cris de
joie.)_
GABRIEL.
Beau sujet d'alarme! Un chien gros comme le poing! Eh quoi! c'est mon
pauvre Mosca! Comment a-t-il pu me venir trouver de si loin? Pauvre
creature aimante! _(Il prend Mosca sur ses genoux et le caresse.)_
MARC.
Ceci m'alarme en effet... Mosca n'a pu venir tout seul, il faut que
quelqu'un l'ait amene... Le prince Jules est ici! _(On
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