qu'ils font!
Faites renaitre en traits indelebiles
Le sceau du Christ imprime sur leur front.
J'arrive a la Visitation; je veux penetrer dans la chapelle; mais elle
etait pleine.
En attendant que la foule se fut ecoulee, je regardais autour de moi;
a quoi pensais-je? Je ne m'en rends pas compte. Mes regards sont
attires par de grands tableaux en toile blanche sur lesquels des
inscriptions etaient gravees en lettres rouges. Je lis: _Promesses
de Notre-Seigneur Jesus-Christ a la Bienheureuse Marguerite-Marie_.
Je passe d'un tableau a l'autre, c'etaient des phrases absolument
vides de sens pour moi..., des mots auxquels je ne comprenais rien:
grace, ferveur, misericorde, tiedeur, perfection!... Mais tout a coup
une ligne me frappe:
_Je donnerai aux pretres le talent de toucher les coeurs les plus
endurcis_.
Toute mon impiete me saisit. Toucher les coeurs les plus endurcis!
Voila ce qu'ils ecrivent!... Eh bien! nous verrons... Pourquoi ne pas
essayer? Prenons-les au mot. Demandons un pretre... Quelle parole
pourra bien lui etre inspiree pour toucher un coeur endurci comme
celui-la?... Et je ricanais en me frappant la poitrine.
Au meme moment, une religieuse passait a cote de moi; je me retourne
brusquement:
--Je voudrais parler a un pretre, a un pretre de Paray-le-Monial.
Elle m'introduit dans une petite chambre dont les murs, blanchis a la
chaux, portaient des inscriptions noires; je n'y fais pas attention.
J'avais ma fameuse phrase comme une arme invincible contre tous les
pelerins du monde! et je repetais en riant: _Je donnerai aux pretres
le talent de toucher les coeurs les plus endurcis._ Que va-t-il me
dire?
Bientot, un pretre entre. Nous sommes en face l'un de l'autre.
Quelques secondes s'ecoulent... Il me regarde, attendant que je lui
parle. Moi, je n'avais dans tout mon etre que l'impiete et l'ironie;
et pourtant un tremblement passager me saisit. Le pretre s'en
apercoit:
--Eh bien! mon ami, me dit-il.
Ce seul mot me rend tout mon aplomb et toute mon arrogance.
--Votre ami!... Ah! vous ne me connaissez guere. Je n'ai pas la foi,
moi! Je ne crois pas un mot de tout ce que vous me dites, et de tout
ce que vous ecrivez. Appelez-moi excommunie, mecreant, paien, tout ce
que vous voudrez; mais votre ami! a d'autres...
Longtemps je lui parle sur ce ton. La phrase lue sur le tableau blanc
retentissait a mes oreilles avec l'ironique question: "Que va-t-il me
dire?" Le pretre etait devenu pa
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