emercier, priez Dieu pour mon pauvre garcon qui est
soldat en Afrique, et qui m'ecrit des choses navrantes... Je crains
bien qu'il ait perdu la foi." Le marquis pria.
Soeur Eudoxie, de Castres fut envoyee a Toulouse, a l'hopital
militaire. L'hopital etait comble. Depuis huit jours, il etait arrive
d'Alger un nombre considerable de soldats malades. Soeur Eudoxie les
soignait de son mieux. Elle en remarqua un entre autres, tres jeune,
au sourire triste et doux: il etait mine par les fievres d'Afrique...
Autre chose encore le devorait.
Avec ce tact exquis de la Soeur de Charite, qui est presque le tact
d'une mere, Soeur Eudoxie vit qu'il y avait la une blessure; que cette
blessure s'envenimait en devenant secrete, que la confiance peut-etre
allait la guerir.
Un jour, tout naturellement, et sans que Soeur Eudoxie le lui
eut demande, le soldat lui raconta son ame. Il avait ete eleve
chretiennement. Sa mere n'etait pas seulement pieuse: c'etait une
sainte.
Enfin, Soeur Eudoxie apprit le nom du jeune soldat. C'est dire qu'elle
redoubla d'efforts pour le ramener a Dieu. Il y avait la une dette de
reconnaissance filiale a acquitter.
Un jour, elle aborda le malade en ces termes: "Je connais votre mere,
la bonne, l'ardente, la pieuse, la charitable Mme X... Elle a sauve
mon pere doublement: son corps, d'abord, puis son ame. Je voudrais
essayer de me liberer envers elle. Vous seul pouvez m'en fournir
les moyens: faites comme mon pere. Je ne dirai pas de vous rendre a
l'aveuglette, mais de consentir a ecouter un bon pretre." Jacques, que
les raisonnements avaient trouve insensible, se laissa emouvoir.
Une fois le bon pretre a son chevet, une fois cette voix entendue,
au fond de laquelle Jacques ne pouvait meconnaitre la sincerite, la
tendresse, la vraie charite, l'obstacle fut leve. Il revint a Dieu du
fond du coeur.
Jacques converti, le calme de son ame reagit sur son corps. La fievre
tomba. Et il eut vite son conge de convalescence.
Oh! quelles douces larmes coulerent de tous les yeux, lorsqu'il
retrouva sa mere et le marquis! Et avec quels transports d'amour ils
benirent ensemble les misericordes divines! ...
* * * * *
20.--LA PLUS GRANDE VICTOIRE D'UN VIEUX GENERAL.
Deux annees environ avant sa mort, arrivee le 24 fevrier 1845, le
general Bernard, marechal de camp de gendarmerie en retraite, membre
honoraire de la societe de Saint-Francois-Xavier, aborde, peu
d'ins
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