ns. Cet ouvrier persevera dans son
heureux retour et prit energiquement la defense du pauvre apprenti. Ce
n'est pas tout. Quelque temps apres, le patron lui-meme vint trouver
le directeur du Patronage, lui avouant que l'exemple des vertus
simples et modestes de son apprenti, joint a des malheurs de famille,
avait profondement touche son coeur. "Je me suis deja confesse a M.
le Cure, dit-il, et j'y retourne ce soir. Demain je fais mes Paques.
Desormais je ne veux pas d'autres apprentis, ni d'autres ouvriers que
ceux du Patronage. Jamais je ne travaillerai le dimanche, jamais une
mauvaise parole ne sera prononcee chez moi. Veuillez, monsieur, me
considerer comme un des votres, comme tout devoue a la religion et a
la moralisation de la classe ouvriere."
Ne faut-il pas dire apres cela que la priere et le bon exemple peuvent
convertir les coeurs les plus endurcis?
* * * * *
33.--LA FILLE DU FRANC-MACON.
J'ai ete appele, racontait en 1865 un venerable religieux passioniste,
pour administrer un mourant a Brooklyn. C'etait un allemand, que
j'avais eu l'occasion de rencontrer plusieurs fois. Sa fille unique,
excellente catholique, me prevint que son pere etait franc-macon et
qu'il fallait exiger sa retractation.
"Apres avoir entendu sa confession, je lui demandai s'il n'avait
pas appartenu a quelque societe secrete.--Oui, mon Pere, je suis
franc-macon; mais, vous le savez, en Amerique, cela n'est pas
mal.--C'est une erreur, lui dis-je; la franc-maconnerie est condamnee
partout ou elle existe. Il vous faut donc retracter tout ce que vous
avez pu promettre et me delivrer vos insignes.
"Le malade fit bien quelques difficultes, mais il avait garde la foi,
et il signa la retractation que je redigeai: puis il me fallut faire
de nouvelles instances pour obtenir son echarpe, son equerre et sa
truelle d'argent, son tablier de peau et son rituel, renfermes dans
une armoire pres de son lit. Je dus lui expliquer la necessite de se
depouiller de tous ces objets s'il voulait faire preuve d'un repentir
sincere et d'un retour efficace a l'Eglise. Je sortais, emportant les
depouilles opimes, et tout heureux d'avoir arrache son ame au demon.
"La jeune fille m'attendait sous le vestibule: Eh bien! dit-elle, mon
pere vous a tout remis? Tout, n'est-ce pas? Il a fait la paix avec
Dieu?--Voyez plutot, ma fille. Et je lui montrai les objets que
j'avais a la main. Elle les prend l'un apres l'autre, e
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