tanement malade, il passa une nuit fort agitee:
il eut un songe, dans lequel sa soeur qui etait morte en religion lui
apparut, lui reprocha son inconduite, et le conjura de revenir aux
sentiments dont leurs parents leur avaient toujours donne l'exemple.
Cette apparition lui fit une telle impression qu'il se leva, se rendit
a l'eglise la plus proche, et, comme elle etait encore fermee, il se
mit a genoux sur les marches et attendit l'ouverture des portes; il
entra alors, entendit la messe, s'adressa a M. le cure et revint de
nouveau apres son repas. Pendant les deux jours suivants il fit la
meme chose: le changement qui s'etait opere en lui parut si etrange
que le maitre de l'auberge ou il logeait pensa qu'il avait affaire a
un fou, et pria le medecin de venir examiner son locataire.
Aux interrogations du medecin, l'ouvrier repondit: "Monsieur le
docteur, je vous remercie de votre interet; mais je me porte bien;
j'ai ete fou, il est vrai, je l'ai meme ete longtemps, mais je suis
gueri; je le sens, Dieu merci; je me trouve en possession de mon bon
sens, et puis j'ai un docteur que je vois tous les jours, et que je
vais encore aller trouver; je vous demande la permission de ne pas
en changer." Il revint a son auberge apres une derniere visite a
l'eglise, paya sa note, fit son paquet et se mit en route pour Paris,
ou, marcheur intrepide, il arriva en cinq jours; la il se remit
courageusement au travail; debout avant le jour, il n'allait a
l'atelier qu'apres avoir entendu la messe, et pendant une annee
entiere il ne porta pas a ses levres une seule goutte de vin.
Une autre epreuve l'attendait. Il s'etait fait une loi de ne pas
travailler le dimanche, les railleries ne purent triompher de sa
resistance. Patrons et ouvriers conspiraient contre lui; on lui
remettait un travail soi-disant presse le samedi soir, il offrait de
travailler la nuit, mais son offre etait repoussee; il fallait passer
a la caisse et regler son compte, cela lui arriva dans douze ateliers.
Ce fut alors qu'il rencontra une personne dont les sentiments pieux
etaient conformes aux siens; il l'epousa, et se mit a travailler pour
son compte. Dieu benit son travail et il parvint a se procurer une
petite fortune.
Etant alle dans une ville d'eaux thermales pour la sante de sa femme,
le genereux chretien s'y fixa et pendant huit ans prit part a
toutes les oeuvres charitables. Entre dans la conference de
Saint-Vincent-de-Paul, il s'adonna de tout son coeu
|