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ut-etre manquer une bonne affaire. Je devinai que mon parapluie lui faisait envie, et me placant brusquement bien en face de lui: --Monsieur, lui dis-je en affectant une politesse souriante, si vous etes attendu dans le voisinage, prenez mon parapluie. Vous le renverrez par une domestique ou un concierge; il vous suffira de remarquer le numero de la maison en sortant d'ici. --Mais, monsieur, si j'allais garder votre parapluie? Vous ne me connaissez pas. --Si, si, je vous connais. L'ouvrier crut a une allusion sur ses arrogances passees envers moi. Il devint rouge. Je continuai du ton le plus aimable: --Je vous connais aussi bien que vous vous connaissez vous-meme, et je suis sur que vous me renverrez tout de suite mon parapluie. Le voila, partez vite. Il se laissa faire. Au bout de dix minutes, mon parapluie me revenait avec une bonne femme qui fit tres verbeusement la commission de reconnaissance. Je devais m'attendre a un changement radical dans les procedes de mon homme. Il guettait une premiere rencontre. Pour moi je tenais peu a une liaison au moins inutile. A la premiere rencontre, je passai vite. Il ne put que m'envoyer un beau salut, que je lui retournai par un geste tres civil: un salut d'egal a egal. A partir de cette minime obligeance dont j'avais honore son caractere, je remarquai que non seulement mon fier ouvrier descendait du trottoir a la hate pour me faire place, mais encore qu'il avait renonce a ses anciennes pretentions; car je m'amusais a l'etudier, et je le vis plus d'une fois, a distance, ceder le pas avec un empressement semblable au mien. Il se christianisait sans le savoir! Les lois de Dieu sont grandes! Le moindre acte impregne du sentiment chretien a quelquefois des consequences d'une etendue extraordinaire. Nous n'en sommes pas toujours temoins. Un dimanche, par un beau jour de mai, je me promenais de long en large sur la place Saint-Sulpice, en attendant la messe basse de neuf heures. Si peu que je fisse attention aux personnes qui passaient pres de moi, il m'etait impossible de ne pas voir le profond salut que venait de m'adresser un promeneur. Ai-je besoin de dire que c'etait encore mon ouvrier? Sa confortable toilette l'avait transforme! Precisement parce qu'il me parut dispose a la discretion, sinon au respect, je l'abordai. Il avait le sourire fin. Il parlait peu. Ses paroles n'etaient point oiseuses. J'usai les banalites de la conversation sans qu'i
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