tait venu
l'attendre au bord de l'etang, avec la bicyclette. On peut
supposer que l'assassin agissait pour le compte de l'homme aux pas
elegants?
-- Non! non! repliqua Rouletabille avec un etrange sourire...
J'attendais ces pas-la depuis le commencement de l'affaire. Je les
ai, je ne vous les abandonne pas. Ce sont les pas de l'assassin!
-- Et les autres pas, les pas grossiers, qu'en faites-vous?
-- Ce sont encore les pas de l'assassin.
-- Alors, il y en a deux?
--Non! Il n'y en a qu'un, et il n'a pas eu de complice...
-- Tres fort! tres fort! cria de sa place Frederic Larsan.
-- Tenez, continua le jeune reporter, en nous montrant la terre
remuee par des talons grossiers; l'homme s'est assis la et a
enleve les godillots qu'il avait mis pour tromper la justice, et
puis, les emportant sans doute avec lui, _il s'est releve avec ses
pieds a lui_ et, tranquillement, a regagne, au pas, la grande
route, en tenant sa bicyclette a la main. Il ne pouvait se
risquer, sur ce tres mauvais sentier, a courir a bicyclette. Du
reste, ce qui le prouve, c'est la marque legere et hesitante de la
becane sur le sentier, malgre la mollesse du sol. S'il y avait eu
un homme sur cette bicyclette, les roues fussent entrees
profondement dans le sol... Non, non, il n'y avait la qu'un seul
homme: L'assassin, a pied!
-- Bravo! Bravo!" fit encore le grand Fred...
Et, tout a coup, celui-ci vint a nous, se planta devant M. Robert
Darzac et lui dit:
"Si nous avions une bicyclette ici... nous pourrions demontrer la
justesse du raisonnement de ce jeune homme, monsieur Robert
Darzac... _Vous ne savez pas_ s'il s'en trouve une au chateau?
-- Non! repondit M. Darzac, il n'y en a pas; j'ai emporte la
mienne, il y a quatre jours, a Paris, la derniere fois que je suis
venu au chateau avant le crime.
-- C'est dommage!" repliqua Fred sur le ton d'une extreme
froideur.
Et, se retournant vers Rouletabille:
"Si cela continue, dit-il, vous verrez que nous aboutirons tous
les deux aux memes conclusions. Avez-vous une idee sur la facon
dont l'assassin est sorti de la "Chambre Jaune"?
-- Oui, fit mon ami, une idee...
-- Moi aussi, continua Fred, et ce doit etre la meme. Il n'y a pas
deux facons de raisonner dans cette affaire. J'attends, pour
m'expliquer devant le juge, l'arrivee de mon chef.
-- Ah! Le chef de la Surete va venir?
-- Oui, cet apres-midi, pour la confrontation dans le laboratoire,
devant le juge d'instruction, de
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