etait grave. M Dax
reprit:
"Et Mlle Stangerson ne vous a donne aucune explication, ne vous a
point dit pour quel motif? ...
-- Elle m'a dit qu'elle etait trop vieille maintenant pour se
marier... qu'elle avait attendu trop longtemps... qu'elle avait
bien reflechi... qu'elle estimait et meme qu'elle aimait M. Robert
Darzac... mais qu'il valait mieux que les choses en restassent
la... que l'on continuerait le passe... qu'elle serait heureuse
meme de voir les liens de pure amitie qui nous attachaient a M.
Robert Darzac nous unir d'une facon encore plus etroite, mais
qu'il fut bien entendu qu'on ne lui parlerait jamais plus de
mariage.
-- Voila qui est etrange! murmura M Dax.
-- Etrange",repeta M. de Marquet.
M. Stangerson, avec un pale et glace sourire, dit:
"Ce n'est point de ce cote, monsieur, que vous trouverez le mobile
du crime."
M Dax:
"En tout cas, fit-il d'une voix impatiente, le mobile n'est pas le
vol!
-- Oh! nous en sommes surs!", s'ecria le juge d'instruction.
A ce moment la porte du laboratoire s'ouvrit et le brigadier de
gendarmerie apporta une carte au juge d'instruction. M. de Marquet
lut et poussa une sourde exclamation;puis:
"Ah! voila qui est trop fort!
-- Qu'est-ce? demanda le chef de la Surete.
-- La carte d'un petit reporter de _L'Epoque_, M. Joseph
Rouletabille, et ces mots: "L'un des mobiles du crime a ete le
vol!"
Le chef de la Surete sourit:
"Ah! Ah! le jeune Rouletabille... j'en ai deja entendu parler...
il passe pour ingenieux... Faites-le donc entrer, monsieur le juge
d'instruction."
Et l'on fit entrer M. Joseph Rouletabille. J'avais fait sa
connaissance dans le train qui nous avait amenes, ce matin-la, a
Epinay-sur-Orge. Il s'etait introduit, presque malgre moi, dans
notre compartiment et j'aime mieux dire tout de suite que ses
manieres et sa desinvolture, et la pretention qu'il semblait avoir
de comprendre quelque chose dans une affaire ou la justice ne
comprenait rien, me l'avaient fait prendre en grippe. Je n'aime
point les journalistes. Ce sont des esprits brouillons et
entreprenants qu'il faut fuir comme la peste. Cette sorte de gens
se croit tout permis et ne respecte rien. Quand on a eu le malheur
de leur accorder quoi que ce soit et de se laisser approcher par
eux, on est tout de suite deborde et il n'est point d'ennuis que
l'on ne doive redouter. Celui-ci paraissait une vingtaine d'annees
a peine, et le toupet avec lequel il avait ose nous in
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