etait temps de
poursuivre tout ce qui etait coupable, et de prouver a la France que la
convention n'etait pas complice des assassins; il demanda qu'on mit
sur-le-champ en jugement Lebon et David, tous deux arretes. Ce qui s'etait
passe dans le Midi, et surtout a Bedouin (Vaucluse), ayant ete connu, on
voulut un rapport et un acte d'accusation contre Maignet. Une foule de voix
demanderent le jugement de Fouquier-Tinville, et une instruction contre
l'ancien ministre de la guerre Bouchotte, celui qui avait livre les bureaux
de la guerre aux jacobins. On fit la meme proposition contre l'ex-maire
Pache, complice, disait-on, des hebertistes, et sauve par Robespierre. Au
milieu de ce torrent d'attaques contre les chefs revolutionnaires, les
trois chefs principaux, long-temps defendus, devaient enfin succomber.
Billaud-Varennes, Collot-d'Herbois et Barrere, accuses de nouveau, et d'une
maniere formelle par Legendre, ne purent echapper au sort commun. Les
comites ne purent se dispenser de recevoir la denonciation, et de donner
leur avis. Lecointre, declare calomniateur dans sa premiere accusation,
annonca qu'il avait fait imprimer les pieces qui lui avaient manque
d'abord; elles furent renvoyees aux comites: ceux-ci, entraines par
l'opinion, n'oserent pas resister, et declarerent qu'il y avait lieu a
examen contre Billaud, Collot et Barrere, mais non contre Vadier, Vouland,
Amar et David.
Le proces de Carrier, longuement instruit en presence d'un public qui
deguisait mal l'esprit de reaction dont il etait anime, s'acheva enfin le
26 frimaire (16 decembre). Carrier et deux membres du comite
revolutionnaire de Nantes, Pinel et Grand-Maison, furent condamnes a la
peine de mort, comme agens et complices du systeme de la terreur; les
autres furent acquittes comme excuses de leur participation aux noyades par
l'obeissance a leurs superieurs. Carrier, persistant a soutenir que la
revolution tout entiere, ceux qui l'avaient faite, soufferte ou dirigee,
etaient aussi coupables que lui, fut traine a l'echafaud: il prit de la
resignation au moment fatal, et recut la mort avec calme et courage. En
preuve de l'entrainement aveugle des guerres civiles, on citait de Carrier
des traits de caractere qui, avant sa mission a Nantes, prouvaient chez lui
une humeur nullement sanguinaire. Les revolutionnaires, tout en condamnant
sa conduite, furent effrayes de son sort; ils ne pouvaient pas se
dissimuler que cette execution etait le commencement de
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