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eja assis au pouvoir. Tant
qu'il fallut de nouveaux sujets, de nouveaux talens, de nouvelles vies
pretes a se sacrifier, la societe des jacobins fut utile, et fournit des
hommes dont la revolution avait besoin dans cette lutte sanglante et
terrible. Quand la revolution, arrivee a son dernier terme, commenca a
retrograder, c'est dans la societe des jacobins que furent refoules les
hommes ardens[1] eleves dans son sein, et qui avaient survecu a cette
action violente. Bientot elle devint importune par ses inquietudes,
dangereuse meme par ses terreurs. Elle fut alors sacrifiee par les hommes
qui cherchaient a ramener la revolution du terme extreme ou elle etait
arrivee, a un juste milieu de raison, d'equite, de liberte, et qui,
aveugles, comme tous les hommes qui agissent, par l'esperance, croyaient
pouvoir la fixer dans ce milieu desire. Ils avaient raison sans doute de
vouloir revenir a la moderation, et les jacobins avaient raison de leur
dire qu'ils allaient a la contre-revolution. Les revolutions, semblables a
un pendule violemment agite, courant d'une extremite a une autre, on est
toujours fonde a leur predire des exces; mais heureusement les societes
politiques, apres avoir violemment oscille en sens contraires, finissent
par se renfermer dans un mouvement egal et justement limite. Mais que de
temps encore, que de maux, que de sang avant d'arriver a cette heureuse
epoque! Nos devanciers les Anglais eurent encore a traverser Cromwell et
deux Stuarts.
Les jacobins disperses n'etaient pas gens a se renfermer dans la vie
privee, et a renoncer aux agitations politiques. Les uns se refugierent au
club electoral, qui, chasse de l'eveche par les comites, s'etait reuni dans
une des salles du Museum; les autres se porterent au faubourg
Saint-Antoine, dans la Societe populaire de la section des Quinze-Vingts.
C'est la que se reunissaient les hommes les plus marquans et les plus
prononces du faubourg. Les jacobins s'y presenterent en foule le 24
brumaire, en disant: "Braves citoyens du faubourg Antoine, vous qui etes
les seuls soutiens du peuple, vous voyez les malheureux jacobins
persecutes. Nous vous demandons a etre recus dans votre societe. Nous nous
sommes dit: Allons au faubourg Antoine, nous y serons inattaquables;
reunis, nous porterons des coups plus surs pour garantir le peuple et la
convention de l'esclavage." Ils furent tous admis sans examen, se permirent
les propos les plus violens et les plus dangereux, et lurent
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