rapport de Catherine Theot avait pour
objet de reveler une conspiration reelle, profonde, et il ajoute d'un ton
significatif qu'il a des pieces pour en prouver l'importance et le danger.
Cambon justifie ses lois de finances, et sa probite, qui etait
universellement connue et admiree dans un poste ou les tentations etaient
si grandes. Il parle avec son impetuosite ordinaire; il prouve que les
agioteurs ont seuls pu etre leses par ses lois de finances, et rompant
enfin la mesure observee jusque-la: "Il est temps, s'ecrie-t-il, de dire la
verite tout entiere. Est-ce moi qu'il faut accuser de m'etre rendu maitre
en quelque chose? l'homme qui s'etait rendu maitre de tout, l'homme qui
paralysait votre volonte, c'est celui qui vient de parler, c'est
Robespierre." Cette vehemence deconcerte Robespierre: comme s'il avait ete
accuse d'avoir fait le tyran en matiere de finances, il dit qu'il ne s'est
jamais mele de finances, qu'il n'a donc jamais pu gener la convention en
cette matiere, et que du reste, en attaquant les plans de Cambon, il n'a
pas entendu attaquer ses intentions. Il l'avait pourtant qualifie de
fripon. Billaud-Varennes, non moins redoutable, dit qu'il est temps de
mettre toutes les verites en evidence; il parle de la retraite de
Robespierre des comites, du deplacement des compagnies de canonniers, dont
on n'a fait sortir que quinze, quoique la loi permit d'en faire sortir
vingt-quatre; il ajoute qu'il va arracher tous les masques, et qu'il aime
mieux que son cadavre serve de marche-pied a un ambitieux que d'autoriser
ses attentats par son silence. Il demande le rapport du decret qui ordonne
l'impression. Panis se plaint des calomnies continuelles de Robespierre,
qui a voulu le faire passer pour auteur des journees de septembre; il veut
que Robespierre et Couthon s'expliquent sur les cinq ou six deputes, dont
ils ne cessent depuis un mois de demander le sacrifice aux jacobins.
Aussitot la meme chose est reclamee de toutes parts. Robespierre repond
avec hesitation qu'il est venu devoiler des abus, et qu'il ne s'est pas
charge de justifier ou d'accuser tel ou tel. "Nommez, nommez les individus!
s'ecrie-t-on." Robespierre divague encore, et dit que lorsqu'il a eu le
courage de deposer dans le sein de la convention des avis qu'il croyait
utiles, il ne pensait pas.... On l'interrompt encore. Charlier lui crie:
"Vous qui pretendez avoir le courage de la vertu, ayez celui de la verite.
Nommez, nommez les individus." La conf
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