trine.
En ce moment Catherine entendit derriere elle un leger froissement
de parquet; elle se retourna et vit debout, a la porte de la
chambre, le duc d'Alencon, que le bruit avait attire malgre lui,
et que le spectacle qu'il avait sous les yeux fascinait.
-- Vous ici? dit-elle.
-- Oui, madame. Que se passe-t-il donc, mon Dieu? demanda le duc.
-- Retournez chez vous, Francois, et vous apprendrez assez tot la
nouvelle.
D'Alencon n'etait pas aussi ignorant de l'aventure que Catherine
le supposait. Aux premiers pas retentissant dans le corridor, il
avait ecoute. Voyant entrer des hommes chez le roi de Navarre, il
avait, en rapprochant ce fait des paroles de Catherine, devine ce
qui allait se passer, et s'etait applaudi de voir un ami si
dangereux detruit par une main plus forte que la sienne.
Bientot des coups de feu, les pas rapides d'un fugitif, avaient
attire son attention, et il avait vu dans l'espace lumineux
projete par l'ouverture de la porte de l'escalier disparaitre un
manteau rouge qui lui etait par trop familier pour qu'il ne le
reconnut pas.
-- De Mouy! s'ecria-t-il, de Mouy chez mon beau-frere de Navarre!
Mais non, c'est impossible! Serait-ce M. de La Mole?...
Alors l'inquietude le gagna. Il se rappela que le jeune homme lui
avait ete recommande par Marguerite elle-meme, et voulant
s'assurer si c'etait lui qu'il venait de voir passer, il monta
rapidement a la chambre des deux jeunes gens: elle etait vide.
Mais, dans un coin de cette chambre, il trouva suspendu le fameux
manteau cerise. Ses doutes avaient ete fixes: ce n'est donc pas La
Mole, mais de Mouy.
La paleur sur le front, tremblant que le huguenot ne fut decouvert
et ne trahit les secrets de la conspiration, il s'etait alors
precipite vers le guichet du Louvre. La il avait appris que le
manteau cerise s'etait echappe sain et sauf, en annoncant qu'on
tuait dans le Louvre pour le compte du roi.
-- Il s'est trompe, murmura d'Alencon; c'est pour le compte de la
reine mere. Et, revenant vers le theatre du combat, il trouva
Catherine errant comme une hyene parmi les morts.
A l'ordre que lui donna sa mere, le jeune homme rentra chez lui
affectant le calme et l'obeissance, malgre les idees tumultueuses
qui agitaient son esprit.
Catherine, desesperee de voir cette nouvelle tentative echouee,
appela son capitaine des gardes, fit enlever les corps, commanda
que Maurevel, qui n'etait que blesse, fut reporte chez lui, et
ordonna qu'on n
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