a echoue, ma mere; le galant etait prevenu, et il a pris
son vol par la fenetre.
-- Enfin, dit Catherine, je saurai un jour quel est le mauvais
genie qui contrarie ainsi tous mes projets... En attendant, je
m'en doute, et... malheur a lui!
-- Ainsi, ma mere?... dit le duc d'Anjou.
-- Laissez-moi mener cette affaire. Et elle baisa tendrement Henri
sur les yeux en le poussant hors de son cabinet. Bientot
arriverent chez la reine les princesses de sa maison. Charles
etait en belle humeur, car l'aplomb de sa soeur Margot l'avait
plus rejoui qu'affecte; il n'en voulait pas autrement a La Mole,
et il l'avait attendu avec quelque ardeur dans le corridor parce
que c'etait une espece de chasse a l'affut. D'Alencon, tout au
contraire, etait tres preoccupe. La repulsion qu'il avait toujours
eue pour La Mole s'etait changee en haine du moment ou il avait su
que La Mole etait aime de sa soeur. Marguerite avait tout ensemble
l'esprit reveur et l'oeil au guet. Elle avait a la fois a se
souvenir et a veiller. Les deputes polonais avaient envoye le
texte des harangues qu'ils devaient prononcer. Marguerite, a qui
l'on n'avait pas plus parle de la scene de la veille que si la
scene n'avait point existe, lut les discours, et, hormis Charles,
chacun discuta ce qu'il repondrait. Charles laissa Marguerite
repondre comme elle l'entendrait.
Il se montra tres difficile sur le choix des termes pour
d'Alencon; mais quant au discours de Henri d'Anjou, il y apporta
plus que du mauvais vouloir: il fut acharne a corriger et a
reprendre.
Cette seance, sans rien faire eclater encore, avait lourdement
envenime les esprits.
Henri d'Anjou, qui avait son discours a refaire presque
entierement, sortit pour se mettre a cette tache. Marguerite, qui
n'avait pas eu de nouvelles du roi de Navarre depuis celles qui
lui avaient ete donnees au detriment des vitres de sa fenetre,
retourna chez elle dans l'esperance de l'y voir venir.
D'Alencon, qui avait lu l'hesitation dans les yeux de son frere
d'Anjou, et surpris entre lui et sa mere un regard d'intelligence,
se retira pour rever a ce qu'il regardait comme une cabale
naissante. Enfin, Charles allait passer dans sa forge pour achever
un epieu qu'il se fabriquait lui-meme, lorsque Catherine l'arreta.
Charles, qui se doutait qu'il allait rencontrer chez sa mere
quelque opposition a sa volonte, s'arreta et la regarda fixement:
-- Eh bien, dit-il, qu'avons-nous encore?
-- Un dernier mot a echan
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