t se diriger vers la chaise
indiquee, comme pousse par une force irresistible, quels que soient les
efforts qu'on fasse pour le retenir. Des lors je puis poser mon pronostic,
et declarer que cet enfant est intelligent, docile, facile a instruire et a
eduquer et qu'il a de bonnes places dans sa classe. Je puis ajouter qu'il
sera tres facile a hypnotiser.
"Si l'enfant reste immobile, et declare qu'il n'eprouve aucune attraction
vers le siege qui lui est designe, je puis conclure de ce resultat negatif
qu'il est mal doue au point de vue intellectuel et mental, et qu'il sera
facile de retrouver chez lui des stigmates accentues de degenerescence.
L'opinion des maitres et des parents vient toujours confirmer ce
diagnostic."
On sera sans doute etonne, de prime abord, qu'un auteur voie dans la
suggestibilite des signes d'educabilite; les hypnotiseurs nous ont du reste
habitues aux affirmations tranchantes et inattendues. Delboeuf n'a-t-il pas
soutenu que l'hypnotisme exalte la volonte humaine? Nous pensons inutile de
decrire a nouveau ce que nous entendons par etat de suggestibilite,
etat dans lequel il y a une suspension de l'esprit critique, et une
manifestation de la vie automatique, et par consequent nous n'insisterons
pas pour prouver qu'un developpement anormal de l'automatisme ne saurait
en aucune facon etre une preuve d'intelligence. En somme, ce sont la des
discussions theoriques, qui n'engendrent pas toujours la conviction, et il
vaut bien mieux traiter la question sous une forme experimentale.
Sur ce dernier point, je crois interessant de remarquer que Berillon se
contente d'affirmer sans rien prouver. On aurait ete curieux d'avoir sous
les yeux une statistique de bons eleves et de mauvais eleves, et d'etudier
le pourcentage des hypnotisables dans ces deux categories. C'est ainsi que
nous procedons en psychologie experimentale, nous donnons nos chiffres,
et nous les laissons parler. L'habitude maintenant est si bien prise que
lorsque nous rencontrons une affirmation sans preuves, nous la considerons
comme une impression subjective, sujette a des erreurs de toutes sortes.
Voila ce qu'aurait du se rappeler un auteur americain, M. Luckens[15],
qui dit avoir ete tres frappe, dans une visite faite a Berillon, de cette
assimilation de la suggestibilite a l'educabilite; il aurait du demander
des preuves, et jusqu'a ce qu'elles lui eussent ete fournies, suspendre son
jugement[16].
[Note 15: Luckens. _Notes abroad_, Pe
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