fficier superieur, a qui son
pere l'enleva pour l'epouser, et que sa naissance avait ete un resultat si
prompt de cette union que la celebration du mariage avait precede d'un
mois seulement son entree en ce monde." Malgre le mecontentement de son
ami et l'etonnement des deux Italiens, elle insista, parait-il, en
raillant les prejuges de gentilhommerie et en vantant sa mere qui etait
une femme forte, obeissant au voeu de la nature.
Nous laisserons cette aventure pour compte a l'auteur de _Lui et Elle_,
d'autant que nul indice n'en vient manifester l'authenticite et qu'elle
doit emaner de l'imagination haineuse et perfide de Paul de Musset.
Du voyage par mer de Genes a Livourne, de la visite a Pise et du sejour a
Florence, ni George Sand ni son compagnon ne semblent avoir voulu nous
transmettre d'autre trace que la simple notation de leur itineraire. On
sait que, sur tout cet episode, Alfred de Musset observa un silence qui
contraste avec les commerages tardifs et malsonnants que colporta son
frere, lorsque la volonte du poete ne fut plus la pour lui fermer la
bouche et lui arreter la plume. George SDu voyage par mer de Genes a
Livourne, de la visite a Pise et du sejourand, dans l'_Histoire de ma Vie_,
relate simplement qu'ils jouerent a pile ou face s'ils iraient a Venise
ou a Rome. "_Venise face_ retomba dix fois sur le plancher." Par Bologne
et Ferrare, ils gagnerent Venise, ou le passeport d'Alfred de Musset fut
vise le 19 janvier 1834. Le "bon pour sejour" porte la signature du consul
de France, Silvestre de Sacy.
L'arrivee a Venise, qui a inspire tant d'ecrivains, ne pouvait manquer de
solliciter la plume de George Sand. Elle l'a decrite dans une page,
retrouvee et publiee par le vicomte de Spoelberch de Lovenjoul, et qu'on
peut regarder soit comme le debut d'un roman abandonne, soit comme un
morceau d'autobiographie. L'heroine est atteinte de cette meme fievre qui
depuis Genes n'avait pas quitte la compagne d'Alfred de Musset. Il y a la
des traits qui n'appartiennent pas au domaine de la fiction:
"Il etait dix heures du soir lorsque le miserable _legno_, qui nous
cahotait depuis le matin sur la route seche et glacee, s'arreta a Mestre.
C'etait une nuit de janvier sombre et froide. Nous gagnames le rivage dans
l'obscurite. Nous descendimes a tatons dans une gondole. Le chargement de
nos paquets fut long. Nous n'entendions pas un mot de venitien. La fievre
me jetait dans une apathie profonde. Je ne vis rien, ni
|