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me fut impossible d'en donner aucun signe. Par bonheur, une main, je ne sais laquelle, ota de mon front la compresse d'eau froide, et je sentis un peu de chaleur. "J'entendis alors mes deux gardiens se consulter sur mon etat. Ils n'esperaient plus me sauver. Pagello s'approcha du lit et me tata le pouls. Le mouvement qu'il me fit faire etait si brusque pour ma pauvre machine que je souffris comme si on m'eut ecartele. Le medecin ne se donna pas la peine de poser doucement mon bras sur le lit. Il le jeta comme une chose inerte, me croyant mort ou a peu pres. A cette secousse terrible, je sentis toutes mes fibres se rompre a la fois; j'entendis un coup de tonnerre dans ma tete et je m'evanouis. Il se passa ensuite un long temps. Est-ce le meme jour ou le lendemain que je vis le tableau suivant, c'est ce que je ne saurais dire aujourd'hui. Quoi qu'il en soit, je suis certain d'avoir apercu ce tableau que j'aurais pris pour une vision de malade, si d'autres preuves et des aveux complets ne m'eussent appris que je ne m'etais pas trompe. En face de moi, je voyais une femme assise sur les genoux d'un homme. Elle avait la tete renversee en arriere. Je n'avais pas la force de soulever ma paupiere pour voir le haut de ce groupe, ou la tete de l'homme devait se trouver. Le rideau du lit me derobait aussi une partie du groupe; mais cette tete que je cherchais vint d'elle-meme se poser dans mon rayon visuel. Je vis les deux personnes s'embrasser. Dans le premier moment, ce tableau ne me fit pas une vive impression. Il me fallut une minute pour comprendre cette revelation: mais je compris tout a coup et je poussai un leger cri. J'essayai alors de tourner ma tete sur l'oreiller et elle tourna. Ce succes me rendit si joyeux, que j'oubliai mon indignation et mon horreur et que j'aurais voulu pouvoir appeler mes gardiens pour leur crier: "Mes amis, je suis vivant!" Mais je songeai qu'ils ne s'en rejouiraient pas et je les regardai fixement. Pagello s'approcha de moi, me regarda et dit: "Il va mieux. S'il continue ainsi, il est sauve!" Je l'etais en effet. "C'est, je crois, le meme soir, ou le lendemain peut-etre, que Pagello s'appretait a sortir lorsque George Sand lui dit de rester et lui offrit de prendre le the avec elle. Pagello accepta la proposition. Il s'assit et causa gaiement. Ils se parlerent ensuite a voix basse, et j'entendis qu'ils projetaient d'aller diner ensemble en gondole a Murano. "--Quand donc, pensais-je, iront-il
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